Let's get drunk before you run
Jae Won & Chung Il

Mes coups sur son visage raisonnaient dans tout l'immeuble. Un, puis deux, puis trois, j'en étais peut être à présent à une dizaine, mon sang bouillonnait, je voulais m'arrêter, arrêter de lui faire mal, je me mordais la lèvre inférieur espérant que la douleur de mes dents se plantant dans ma chair allait me stopper quand soudain, je vis perler sur son visage des larmes. Inconsciemment, je m'arrêtais net, le poing en l'air, le menaçant d'un nouveau coup. J'étais tétanisé l'espace de quelques secondes, observant sa bouche ensanglantée. A cette instant, je me dis que je ne valais pas mieux que mon père, mon visage s'adoucissent légèrement, je laissais tomber mes bras contre mon corps, assis à califourchon sur le plus jeune. Je le regardais désemparé par ce que j'avais fait. Je constatais les dégâts que j'avais causé au garçon, mes yeux commençaient à s'humidifier, laissant parler des émotions que peu de gens avaient eu l'occasion de voir, la plupart n'étant à présent plus de ce monde.

Je me penchais sur Chung Il, prenant son visage dans mes mains, lui caressant la peau du bout du pouce. "C'est... c'est à cause de moi que tu pleures?" lui demandais-je d'une voix beaucoup plus calme, me penchant d'avantage pour ramasser une larmes qui coulait sur sa joue droite avec mes lèves, embrassant d'une tendresse qui m'était presque insoupçonnée. "Pardon, ne pleure plus... ton pauvre visage..." dis-je doucement d'une voix innocente, mon regard sanguinaire se plantant dans les yeux de l'agneau.

Let's get drunk before you run
Jae Won & Chung Il

Ses yeux se tournaient vers lui, se demandant si sa colère était passée à présent. Il s’attendait à se prendre un nouveau coup pour avoir osé le regarder mais son visage s’était adoucit. Sans comprendre pourquoi, il sentait les lèvres de l’homme sur sa joue, ramassant ses larmes alors qu’il grimaçait doucement sous la douleur que cela lui provoquait. A sa question, il aurait répondu un « évidemment connard » en temps normal, mais là il allait se contenté de mentir. C’était la seule chose qu’il savait faire sans qu’on le remarque.

« Non… c’est rien… »

Sa voix n’était qu’un murmure tremblant, apeuré de ce que pourrait lui faire Jae Won. Ce n’était qu’un aperçu du traitement qu’il pourrait subir ce soir, il le savait très bien. Tout comme il venait seulement de gouter qu’à une partie de sa force qu’il n’imaginait pas aussi grande. Ses yeux rencontraient ceux de Jae Won, ne sachant quoi lui dire. N’avait-il plus le droit de pleurer ? Il n’était pas certain de pouvoir faire ce que voulait le Kim cette fois-ci, personne ne lui avait jamais interdit de pleurer jusqu’à aujourd’hui. A part peut-être quelques gardes ? Lorsque ceux-ci venait dans sa chambre pour profiter de son corps, ne voulant pas être surpris ils lui demandaient de ne pas pleurer, de ne pas faire de bruit. Alors en garçon obéissant il pleurait en silence, profitant du noir pour laisser ses larmes coulées sans autorisation. Sinon ça ne s’était jamais produit.

Ses yeux se baissaient, se détournaient de Jae Won, tentant de se contrôler pour ne plus être aussi instable et donc éviter de pleurer pour la suite. Parce que oui, il pensait bien que l’homme n’allait pas s’arrêter ici. C’est donc le dos meurtri et marqué, le visage blessé et taché de ce liquide rouge que Chung Il lui offrait son corps, le laissant faire ce qu’il voulait de celui-ci sans protester, comme avec tout le monde puisque c’était ce que voulait Jae Won, être traiter comme les autres.

Let's get drunk before you run
Jae Won & Chung Il

Ma lèvre inférieur en sang, je tachais sa joue de ce liquide écarlate, ce dernier se mélangeant aux larmes que je n'avais pas ramassé. Alors que plus tôt je pensais m'être calmé, je savais qu'il m'avait menti. Il n'allait pas bien, il suffisait de voir son visage pour le comprendre. Sa soumission m'était insupportable. Un être normal n'aurait pas aussi rapidement capitulé. Il se serait débattu, j'aurais eu le droit à des ripostes ou des semblants, il m'aurait défié du regard. Son comportement me fit comprendre que je n'étais pas le premier à le traiter ainsi. Que ma famille en était responsable et que je suivait les traces de mon père a agir de la sorte. Une de mes mains se retira doucement de son visage pour tomber nonchalamment le long de mon corps. Je me dégouttais. Je le regardais avec tristesse, le cœur serré. Voilà que mes nerfs s'activaient à nouveau. Mon sang bouillonnait toujours mais j'avais enfin réussit à me contrôler, je ne voulais pas replonger et pourtant...

Je serrais les dents, me relevant puis reculant le plus rapidement possible pour ne pas lui faire de mal. Hélas, je ne le fus pas assez. Ma main attrapa ses cheveux que je tirai et dans un geste violent, je le tirais un mètre plus loin, sur un matelas qui semblait être son lit. "Pourquoi t'es comme ça?! A te laisser faire quand on te blesse?!" hurlais-je alors énervé et désespéré. Mon visage avait reprit cette expression monstrueuse. Je m'avançais doucement vers le matelas où il avait atterrit, les yeux ronds, un sourire crispé trop effrayant pour être agréable je me penchais près de lui pour me mettre à son niveau. "T'aimes qu'on te traite mal? C'est pour ça que tu te laisses aussi docilement faire?" lui demandais-je d'une voix qui se voulait étrangement chantante. Je faisais mon maximum pour me contenir et ne pas succombé comme avant. Je savais qu'ici je n'étais pas en danger, que le seul détraqué dans l'immeuble, c'était moi.

Let's get drunk before you run
Jae Won & Chung Il

Dans ses yeux une pointe d’espoir avait pu se lire, le temps de quelques secondes, il avait eu cette pensée qui lui disait : « c’est fini maintenant ». Mais un cri se faisait entendre, las et ressemblant à une plainte. Ses mains s’étaient difficilement portées sur le poignet qui retenait sa chevelure, espérant apaiser la douleur en vain. Rien n’était fini…

Il tombait sur le lit lourdement, pouvant sentir le sol lors de sa chute malgré le matelas. D’ordinaire il aurait fermé les jambes aussi fortement qu’il le pouvait, mais les coups qu’il avait reçu l’avaient fatigué alors il les laissa légèrement écarter, pas assez large pour glisser une jambe mais assez fébrile pour se glisser entre sans soucis. Ses mains se posaient sur le torse de Jae Won, voulant le repousser, lui dire que non, il n’aimait pas ça. Ses yeux s’humidifiaient à nouveau alors qu’il secouait doucement la tête, murmurant un faible « non… » en réponse. Ses mains exerçaient une légère pression sur son torse, essayant de lui faire comprendre.

« S’il te plait… Laisses moi… Pitié… »

Ses mains tremblaient, ses doigts se serraient très légèrement alors que tout son corps se mettait à frémir. Jamais il n’avait rencontré quelqu’un qui lui faisait aussi peur, peut-être est-ce qu’il n’avait jamais rencontré de membres de la famille Kim depuis son départ ? Etaient-ils tous aussi fou ? Il n’arrivait pas à se souvenir, son esprit n’arrivait pas à se concentrer sur autre chose que le sang qui pulsait dans son corps, sur autre chose que son esprit qui le mettait en alerte et tournait à plein régime pour trouver quoi dire pour ne pas souffrir.

Il tentait d’être aussi réfléchis que possible, laissant sa témérité à un autre jour, pourtant ces deux mots s’échappaient de ses lèvres, résonnant dans la pièce sans qu’il n’ait fait attention :

« J’ai peur …»

Let's get drunk before you run
Jae Won & Chung Il

J'essayais de me calmer, je me concentrai mais les mots de Chung Il raisonnaient dans ma tête. "J'ai peur..." Combien de fois j'avais imaginé ce genre de pensée venant de lui. L'enfant fébrile que j'avais connu jadis devait déjà penser cela de moi avant même que je pose ma main sur lui. Pas étonnant qu'il était parti en courant en entendant mon nom. Malgré mon nom, j'aurais voulu que nos retrouvailles se passent différemment. Je ne m'attendais pas à de grandes embrassades, nous n'avions jamais été très proche, mais si un jour on m'avait dit que ma prochaine rencontre avec lui serait dans un immeuble désaffecté où il avait élu domicile, que je me retrouverai à le frapper et lui à me provoquer, je ne l'aurais pas cru. Et pourtant...

A genoux devant le matelas, je me sentais impuissant, soupirant longuement pour essayer de me calmer quand tout à coup, ces mots finirent de raisonner. Je levais la tête pour le regarder. Même sa position était une invitation au vice. Pendant tant d'années où j'avais fait ce genre de chose, je m'étais  concentré sur l'image que je me faisais de lui plus vieux et là, il s'offrait à moi, enfin, se laissait faire. J'aurais pu lui ouvrir le ventre pour lui voler un organe qu'il n'aurait pas bougé d'un pouce. Malgré cette envie, je savais que ce n'étais pas bien de penser cela, que je n'étais pas fait pour ce genre de chose et je valais mieux. Pourtant, mon énervement et ma frustration envahissait mon corps et mes pensée. Je soupirai, voulant partir, le laisser pour ne plus être tenter, le fuir à chaque fois que je le croiserai pourtant mon corps se leva pour s'avancer vers le matelas. Instinctivement, je le pris par la taille, le retournant dos à moi. C'était comme en prison sauf que là, c'était avec lui, lui que j'avais imaginé à leur place pendant tant d'années. Je retirai son pantalon puis le mien, posant une main dans sa nuque pour l'immobiliser, le pénétrant sèchement et d'un coup.

J'attendais que les sensations se calme pour reprendre. Un premier coup de rein se fit. La douceur étant en option, j'ignorai les plaintes que mon partenaire pouvait faire pour continuer avec cette fois-ci plus de délicatesse. Le deuxième coup de rein avait été donné. Puis le troisième, moins fort que le précédent et ainsi de suite. Mes mouvements se faisait à chaque fois plus doux que le précédent jusqu'à ce que je reprenne, plus violemment. Malgré la bestialité de l'acte, ces derniers dégageaient une certaine sensualité. Mais alors que j'avais pensé que mon cœur allait s'emballer, ce dernier s'essouffla. Je transpirai, gémissant de plaisir mais rien n'y faisait, ce n'était pas différent qu'avec tous les autres. Je m'étais fait des idées sur lui, sur ce que j'aurais pu ressentir en lui. Qu'avait-il alors de si exceptionnel si ce n'était pas différent, si je n'y prenais pas plus de plaisir qu'avec les autres? L'avais-je idéalisé pendant toutes ces années? La seule différence était qu'avec lui, je ne me forçais pas à imaginer quelqu'un puisque la personne que je désirai était sous mes yeux, le visage ensanglanté.

Je me lâchais en lui en quelques spasmes, grognant ma satisfaction bestiale. Je me relevais à la fois calmé mais déçu. Sans un regard je me rhabillais pour partir en direction de ce que l'on pouvait appeler l'entrée de son appartement. Je m'arrêtais juste avec de la franchir, me raclant la gorge pour enfin prendre la parole. "Je ne dirai à personne où tu vis... pour le moment." Oui, en bon sadique que j'étais, je laissais planer le doute entre lui et moi. Ma main se posa sur l'endroit où jadis une porte se trouvait, regardant le mur, me faisant violence pour le laisser et surtout ne pas le regarder. Ma main gauche alla se nicher dans ma poche où je sortis un paquet de cigarette industrielle. J'en portais une à ma bouche pour l'allumer, avalant puis recrachant la première bouffée. Le lâche que j'étais pouvait enfin s'en aller.

Let's get drunk before you run
Jae Won & Chung Il

Ses membres tremblaient, plus que jamais il avait peur, il n’arrivait pas à prédire les réactions de Jae Won. Lui qui d’ordinaire arrivait à deviner ce qu’allait faire ses partenaires se retrouvait totalement perdu, incapable de dire ou de faire ce qu’il fallait. Ses yeux suivaient les mouvements du plus vieux, tentant de comprendre pour se préparer psychologiquement à ce qui allait suivre.

Sans un mot Jae Won le retournait sur le ventre, il comprenait alors aisément ce qui allait se passer dans les minutes qui suivent. Un bruit plus que familier, puis une sensation de froid pour enfin sentir une pression. Cet endroit, sa nuque, un des seuls endroits de son corps avec ses poignets qui a été témoin de la poigne de ses partenaires. Ses doigts se resserraient autour des draps dans lequel son visage s’était partiellement enfoui. Tout d’un coup, une décharge se faisait sentir dans ses reins, une sensation de déchirure douloureuse qui lui était, malheureusement, bien trop familière. Un cri de douleur résonnait dans la pièce pratiquement vide, ses articulations blanchissaient à serrer les tissus bien trop fort. Le peu de force qu’il lui restait servait à contracter ses muscles pour tenter d’apaiser la douleur. Une larme coulait sur sa joue rapidement suivis par d’autres, son visage d’ordinaire attirant et charmeur était déformer par la douleur, par ses plaintes toujours plus tremblantes et las, et à nouveau salit par des larmes.

Il avait eu l’habitude pendant des années de souffrir de ce genre de traitement pourtant ce soir était la plus douloureuse. Il était conscient de tout, incapable d’annihilé la douleur avec de l’alcool ou des stupéfiants, incapable d’oublier que l’homme en lui en ce moment même était le fils de celui qui l’avait mis dans cette galère, incapable d’oublier qu’il avait cherché de lui-même cette situation en allant vers Jae Won. Même si la douleur était présente, il avait remarqué le côté doux des mouvements de ce dernier, remerciant intérieurement celui-ci d’avoir un peu de considération pour son corps. Enfin jusqu’à ce qu’il se fasse plus brutal, plus sec, qu’il accentue cette douleur déjà trop aigu pour Chung Il.

Peu à peu ses mains se décrispaient, se détendaient, comme tout le reste de son corps : il n’avait plus d’énergie pour lutter. La douleur qui jusqu’à maintenant restait concentrée sur ses reins remontait à chaque coup vers sa nuque, désagréable, comme une décharge électrique beaucoup trop puissante, lui donnant mal à la tête et le faisant s’engourdir peu à peu. Chung Il se sentait spectateur de ce qu’il se passait, son corps ne réagissait plus, son esprit ne cherchait plus de coupable, il laissait les choses se passer purement et simplement. Ses joues séchaient, ses yeux piquaient, il n’avait plus de larmes à donner pour cet homme, pour personne d’autres d’ailleurs.

Puis venait cette sensation, chaude, trop chaude pour le corps endormi du brun, et désagréable. L’acte l’avait fait se sentir sale, mais savoir qu’il venait de le marquer de l’intérieur le dégoutait encore plus. Il détestait son corps, salit, humilié, utilisé, vendu comme un vulgaire objet, pourquoi n’avait-on pas fait de lui un objet à proprement parler. Chung Il ne croyait pas en Dieu, même s’il en avait entendu parler, pour lui ça n’existait pas, cependant il y a bien une question qu’il aimerait lui poser, une seule et unique question : Pourquoi a-t-il fallut qu’il  lui donne des sentiments ? C’était la seule interrogation à laquelle il aurait voulu avoir une réponse. Cependant une autre lui était donné par Jae Won qui était maintenant prêt à partir. Le plus jeune ne s’était même pas rendu compte de ce qu’il c’était passé et à vrai dire il s’en fichait, tout comme ce que lui disait Jae Won. Il pouvait bien dire où il habitait, la preuve venait d’être faite que sa vie était la même dans le manoir et en dehors.

Les bruits de pas du Kim s’éloignaient jusqu’à disparaitre, laissant le garçon souillé seul et à la merci du moindre fou qui passerait. Dans un dernier effort il roulait dans le lit, prenant la couette avec lui pour s’emmitoufler dedans. Doucement il revenait à lui, sentant chaque plaie et hématome sur sa peau, sentant la semence de l’homme qui venait de fuir encore en lui, sentant les larmes remontées sur ses joues. Son cœur se serrait, ses doigts agrippaient le tissus doucement, cherchant une chaleur, un réconfort dans les draps froid et sale tout en sachant que personne ne viendrait lui dire que c’est fini.