« Seung Hee…Tu sais, dans le monde, tout le monde n’est pas forcément heureux tu sais ». Ces mots, c’était le médecin en charge de la petite robote qui le lui avait dit. Elle venait d’être programmée et elle voyait pour la première fois ce qu’un humain disait, ce qu’il avait l’air vraiment. Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle était là, mais ce que M. Park lui avait dit, c’était qu’elle devait aider ces gens qui se sentaient seuls, qui n’avaient personne pour qui parler et que sa présence était forcément la bienvenue. Song Seung Hee, le robot conçu pour être un baume au coeur, être comme cette personne que l’on voudrait avoir tous les soirs avant de s’endormir, parler sans devoir se voiler la face. Seung Hee, c’est tout simplement un médicament.

Depuis quelques années, les psychologues se sont penchées sur la question de comment combattre la solitude et la dépression ? C’est alors que M. Park , grand psychologue pensa à simplement combler ce vide par une présence réconfortante, encourageante. Pas un animal de compagnie, pas de médicaments chimiques, mais juste une personne qui ne mourrait pas, qui serait là, pour vous uniquement. Et c’est en travaillant avec la EH que le tout premier robot de compagnie sous réserve médical vit le jour. Song Seung Hee, conçue pour être heureuse, souriante, qui ferait tout pour vous faire sourire sans jamais dire non, sans jamais s’énerver.

Seung Hee est douce, amusante, aimante, la jeune fille parfait qui n’existe pas forcément en vrai, on l’a construite pour être le fantasme de certain. Malheureusement, personne n’est réellement parfait. La petite est tout juste née, elle manque d’expérience, elle manque aussi de mots et de façons de s’exprimer. Elle suit ses patients où qu’ils aillent, tente de leur faire oublier leur mélancolie, et cela tout en enrichissant ses bases de données.

Un soir, alors que Seung Hee observait son propriétaire, M. Park travailler, elle finit par le questionner. « Papa. Pourquoi je ne peux pas dire non comme les autres ? Pourquoi je suis obligée de faire comme si tout allait bien alors que eux ne vont pas bien ? » Pour la première fois, Seung Hee arrivait à percevoir, à saisir ce qu’était le malheur. Elle ne le ressentait pas, elle n’y arrivait pas, mais elle arrivait à dessiner ce que le mot « triste » ressemblait. Et ce que son père lui répondit était sûrement la chose la plus hypocrite au monde: « Parce que tu es née pour être heureuse, tu es faîte pour irradier ta joie de vivre ». Et sa seule réponse fut : « Mais papa…Je ne vis pas ».