« But I already told you my whole life story not just based on my description »

Yohan n’a jamais été le type populaire, ou du moins jamais dans le bon sens parce qu’il ne se souvient pas avoir été autre chose que la coqueluche des racailles de son école, celui qu’on coinçait dans les toilettes ou dont on baissait le short durant la séance de sport. Le garçon restait alors cloîtré dans sa chambre pendant plusieurs jours à pleurer avant de finalement se calmer et retourner à l’école, c’était le même manège, encore et encore. Il redoubla  à plusieurs reprises et sa mère lui répétait que ça lui passera une fois grand. Il avait voulu la croire, vraiment, mais ça ne passa jamais. Tout prenait des proportions énormes chez lui et le pire était qu’il savait que ce n’était pas normal. Le reste des gens n’agissait pas  comme ça. Il se sentait bizarre, malade, instable. Pourtant, la stabilité, ce n’était pas ce qui manquait dans son entourage, une famille aisée, des parents aimants, des frères et sœurs…Et puis lui, le vilain petit canard. Il avait beau essayer d’être comme eux, ce n’était jamais assez bien. Il était trop fragile, trop influençable.

A cinq ans, Yohan toucha de la peinture pour la première fois et la sensation fut incroyable, le fluide contre la paume de ses mains, toutes ces couleurs…Il ne pensait pas avoir été autant intéressé par une activité. Il n’aimait pas trop les jouets qu’on lui offrait habituellement. Il se rendit alors compte qu’il aimait dessiner et peindre, ce n’était pas un génie, il ne réalisait pas des merveilles mais le talent était là et pour le reste, des années entouré de ses pinceaux améliorèrent progressivement sa technique. Il aimait les tableaux vifs et colorés…ou alors peut-être plutôt ceux moroses et tristes, cela dépend du jour ou bien de l’heure, lui-même ne sait pas avec certitude.

A la fin du collège, le petit brun décida de stopper définitivement l’école. Il ne s’y était jamais senti bien et ses amis là-bas se comptaient sur les doigts d’une main. Yohan n’avait pas de problème à s’en faire, mais quand il était question de les garder, là était le problème. Il est dépendant et étouffant ce qui en fatigue rapidement plus d’un. Ses parents furent difficiles à convaincre mais il réussit. Il avait alors dix huit ans. Yohan put alors laisser libre cours à sa passion et dessiner dès que l’inspiration était au rendez-vous. Il fut même repéré par un galeriste alors qu’il dessinait des modèles dans la rue et qui lui proposa de présenter ses œuvres. Le garçon n’y avait cru qu’à moitié mais s’était malgré tout prêté au jeu et ce fut particulièrement concluant. Ses toiles commencèrent petit à petit à se vendre et il pense pouvoir dire aujourd’hui que c’est son métier. Parfois il sèche, n’arrive plus à tenir un pinceau entre les mains et ça le déprimera, pour que quelques jours ou semaines après il se lève au beau milieu de la nuit pour chercher une toile et son châssis. Il préfère ce train de vie là à celui qu’il aurait pu passer sur les bancs de classe. Depuis quelques mois, le jeune homme a quitté le cocon familiale pour habiter dans un appartement que ses parents lui ont acheté à force de les avoir usé de supplications. Mais au fond, ils ne se font pas beaucoup de soucis pour lui, ils sont certains qu’il reviendra bien vite à la maison. Le garçon ne saura pas s’occuper continuellement de lui-même.