« My heart desperately tries to breath. »
Quand elle est venue au monde, c’était une petite fille souriante, un petit ange tombé du ciel qui plus tard serait amené à devenir quelqu’un de grand. Sa mère en était certaine. Son père était un homme strict, qui à la base aurait préféré un fils qu’une fille. Un fils pour montrer à quel point sa famille était honorable, un fils pour faire de lui un héros de l’armée. Mais manque de chance, la petite fille n’avait aucun goût pour l’armée, aucun goût pour ce qui était pour les hommes. C’était normal, c’était une femme. Désespéré, son père ne trouva qu’à être froid, lui donner une éducation stricte, un futur déjà tracé.
Madame Ahn , au contraire de son mari, était une femme charmante, mais pas pour le moins ferme. Si elle n’approuvait pas la méthode de son mari, elle savait faire la part des choses. RaIm avait le droit, avait le choix d’être elle-même, d’être comme elle le voulait, de faire ces choix. Mais elle n’allait plus être là pour longtemps. Madame Ahn souffrait d’une maladie longuement contractée, incurable et sûrement héréditaire au grand damn de la famille, mais ils ne pouvaient pas se résoudre à dire à la petite qu’elle allait mourir jeune.
Après la mort tragique de sa mère, à sept ans, Ra Im était livrée à elle-même. Un père absent, un père froid qui ne daignait pas la regarder s’épanouir, qui n’approuvait pas ses choix. Elle était seule. Jusqu’au collège, RaIm était une fille populaire. Populaire pour son air à la fois sérieux et pourtant si pur. Elle travaillait dure pour essayer de plaire à son père, mais rien n’y faisait, à ses yeux elle était comme la plus grande déception de sa vie. Cependant, elle ne relâcha pas ses efforts. Être polie, être forte, être intelligente. Elle l’était, beaucoup, et elle s’épanouit au lycée. Elle était la reine. La fille avec qui on voulait parler ou bien ne serait-ce que croiser son regard.
Ayant été absent une bonne part de la vie de sa fille, enfin Monsieur Ahn semblait au moins porter attention aux études de sa filles. Le droit. Ce n’était certainement pas la voie préférée de celui-ci, mais il n’y fait pas obstruction…Jusqu’à ce qu’elle soit inscrite pour le concours de beauté Miss Korea. Ce n’était pas elle, ce n’était pas RaIm qui s’était inscrite par pure vanité. Ce n’était que ces amis qui trouvaient que cela en valait la peine. Furieux, Monsieur Ahn l’encourageait, l’obligeait à arrêter ces balivernes et de se concentrer sur son futur qui avait déjà été compris.
N’écoutant plus les dires de ce « père » inexistant, RaIm décida de continuer, et elle avait bien fait car ce soir là, elle était devenue Miss Korea. Les sourires, les larmes de bonheur et la fierté d’être un être à part entière, une femme que l’on reconnaissait pour ces efforts et aussi pour ces qualités « naturelles ». Mais ça lui suffisait. Elle était élue la femme de Corée la plus séduisante pour une année, et même pour plusieurs dans le coeur de certains.
Un jour, ses forces diminuèrent, ses capacités motrices aussi. Qu’est-ce qui n’allait pas ? Admise à l’hôpital, les pronostiques furent sans appels : La maladie incurable de sa mère l’avait attrapée et était en train de petit à petit la tuer. Elle était triste, elle ne savait pas comment faire. Elle ne voulait pas mourir. Elle ne voulait pas partir comme ça, elle qui ne demandait qu’à rire, pleurer, vivre, aimer, détester, se marier, connaître aussi la joie d’être mère, tout ça elle ne le ferait pas dans ces trois derniers mois où elle donna son dernier souffle.
Inconsolable, de nouveau seul, plein de regrets, Monsieur Ahn finit par demander à la EH Corporation de lui « redonner » sa fille. La programmer pour qu’elle soit de nouveau cette si gentille fille au coeur tendre. C’était aussi un moyen de se rattraper, de ne pas avoir pu être un vrai père. Jamais au grand jamais les autres ne pouvaient le savoir. Sa mort, sa fausse identité, c’était tout bonnement impensable de dire que leur belle avait été ravagée par la maladie et que maintenant, elle serait là encore dans 33 ans, figée dans la beauté de ses 24 ans.