Pour moi, la vie a commencée il y a cinq ans. Quand j’ai vu cette petite main, entendu ce cri, le premier cri de la vie, cela m’a touché tellement profondément que je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer. Le plus beau cadeau que l’on ai pu me faire : Mai. Même si au départ, elle était une erreur, que ce n’était pas prévu du tout, ce bébé avait déjà sa place dans ma vie. Sa mère nous a quittés, et je ne lui en ai pas voulu.

Avant, j’avais tout eu pour réussir ma vie, et je n’avais pas été heureux. Ayant fait des études d’informatique au Canada, j’ai débarqué dans ce pays car la société EH recrutait, et j’étais bien au dessus de ce qu’ils espéraient. Détesté, jalousé et très peu fréquenté par mes collègues, ce n’est pas cela qui m’importait. Mes parents & moi avions coupé les ponts, depuis que Mai est née. Normal, qui pardonnerait un fils d’à peine 21 ans, pas marié et père d’un enfant conçu par erreur ? Le déshonneur total. Soit dit en passant, ça m’est passé par dessus la tête. Le plus important était que je puisse élever Mai tout en assumant mes responsabilités au contraire de sa mère qui désormais devait passer des beaux jours loin de nous.

Et quand elle est arrivée, j’ai aménagé mon travail, je l’ai élevée seul, et seul son intonation de m’appeler « papa » me rendait heureux. Ma petite princesse était la plus belle à mes yeux. Sans aucun défauts. J’étais sûrement un père trop protecteur, mais je ne supportais pas de la voir pleurer, ni la voir souffrir.  C’était mon trésor, la chaire de ma chaire, et personne ne devait la toucher…

Et ce soir là, quand j’étais rentré du travail, je m’attendais à voir Mai et sa nounou que j’avais engagée, mais tout ce que je trouvai fut deux corps sans vie. Mon monde s’écroulait, tout ce que j’avais bâtis, tout ce que j’avais de plus précieux, finis à jamais.

J’ai haïs ma vie, j’ai juré de faire payer le monde entier, c’est fini. Mais le pire, c’est que j’ai pensé à toute la souffrance qu’elle avait due endurer sans moi. C’était insupportable. Déterminé, mon esprit se tournait vers cette compagnie de malheur, pas si parfaite, cachant des horreurs que l’on ne saurait décrire. J’allais leur faire payer au centuple ce qu’ils avaient fait, pour le bien de tous, pour le meurtre de ma fille.