Let's get drunk before you run
Jae Won & Chung Il

Les mains visées dans les poches de sa veste en similicuir, les yeux vifs malgré la migraine d’un lendemain soirée bien arrosés, des pas rapides et confiants aidés par ses jambes longues, habituées à courir en ville pour éviter les ennuis dans lesquels il avait l’habitude de se fourré. Le brun errait ainsi, à nouveau, dans les rues de la ville, à la recherche d’une quelconque activité pour occuper sa soirée, et pourquoi pas sa nuit. Une bonne partie de son argent, gagné on ne sait comment, était parti dans de l’alcool cette dernière semaine, d’où son mal de tête atroce qu’il soignait en retournant boire. Et ce soir ne faisait visiblement pas exception puisqu’il rentrait à nouveau dans ce même bar, le son de la musique se faisant de plus en plus fort et le nombre de corps collés les uns aux autres de plus en plus nombreux.

A peine rentré que le garçon se faisait sauté dessus, une de ses connaissances visiblement bien imbibée qui le trainait au bar pour qu’il rattrape le temps perdu. Les shoots offerts par l’homme plus grand que lui étaient très rapidement vidés et l’esprit à jeun de Chung Il se brouillait en un laps de temps record, se sentant d’un seul coup de meilleure humeur. Mais alcool avec le brun rimait très souvent avec chasse, c’est donc les yeux rivés sur la piste de danse qu’il cherchait une proie pour ce soir, une proie avec laquelle il pourrait passer sa nuit. Pourtant aucune des filles présente ce soir ne l’intéressait, alors il décidait de devenir une proie à son tour et d’aller sur la piste de danse. Il n’était pas le genre de garçon bien difficile, garçon, fille, c’était du pareil au même pour lui, juste un soir, jamais de sentiments, de toute façon ce n’était pas un concept qu’il connaissait.

D’un seul coup, une présence se faisait sentir derrière lui, des mains se posaient sur ses hanches et le collait au bassin d’un inconnu. Le brun baissait légèrement la tête, continuant à bouger ses hanches sans aucune gêne, bien trop habitué à ce genre de choses et trop alcoolisé pour avoir conscience d’être en public. Il sentait son t-shirt se soulever, son torse être caresser de toute part et être découvert par les mains imposantes de cet inconnu qui semblait l’apprécier plus que de raison.

Sa tête se tournait légèrement sur le côté, ses yeux se relevaient pour instinctivement regarder autour de lui alors qu’il sentait des lèvres sur son cou. Les siennes s’entrouvraient alors que ses yeux se posaient sur un nouvel arrivant dans le bar, plus que de se poser dessus, il le dévorait des yeux, sentant un certain danger émaner de cet homme. Subitement il n’avait d’yeux que pour lui, l’homme derrière lui n’importait plus, les baisers qu’il sentait dans son cou, les mains qui le caressait avec envie, rien de tout ça n’importait.

Celui qu’il voulait se trouvait là-bas, debout, plus sobre que la moyenne et cherchant visiblement quelqu’un des yeux.

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Enfin une journée de terminée! Voilà ce qui me passa en tête sur le chemin pour rentrer dans mon nouveau chez moi. La première chose que je fis, ce fut de me laver au robinet. Je déambulais en serviette dans ce qui me servait de maison lorsque j'entendis mon téléphone sonner. Un nouveau message. C'était un de mes contact qui m'avertissait qu'il avait trouvé une personne possédant une pièce volé à l'Electric Heart, une pièce rare que certains de mes clients m'avaient demandé. Il me fallait cette pièce. Elle en main, je pourrai la vendre dix fois son prix au plus offrant. Sans attendre, je lui répondis. Le temps de m'habiller le plus simplement du monde, un jeans, un débardeur et une veste en coton, mon contact m'annonça par message que la dite personne avait établit son QG au 404 bar. Il me fournit une description rapide de l'homme que je devais retrouver, me donnant rendez-vous à vingt deux heure au bar.

L'heure approchait, je devais me dépêcher pour arriver à l'heure à mon rendez-vous. Ma capuche sur la tête pour ne pas être reconnu par les voyous du quartier ou encore les autorités, je m'avançais jusqu'à l'entrée où deux gorilles montaient la garde. Dans un premier temps, le duo me refusa l'accès. Cela me fit sourire en coin. Je retirai ma capuche, leur dévoilant mon visage. Je vis le leur se décomposer en plusieurs étapes, me laissant alors docilement passer. Dans l'obscurité, il serait difficile de me reconnaître, je ne la remis alors pas, me dirigeant vers le bar. Je m'adossais à celui-ci, regardant tout ces déchets déambuler au rythme de la musique. Pour la plupart, ils m'inspiraient du dégoût. Un couple gay sur la piste de danse attira mon attention. Celui qui semblait plus jeune se laissait docilement tripoter par l'homme qui semblait nettement plus vieux. Il semblait me fixer. Je fronçais les sourcils, l'air grave, le défiant d'un regard noir qui en aurait glacé plus d'un lorsque je fus interrompu par un homme plutôt imposant. Il me proposa de le suivre, ce que je fis docilement, rencontrant enfin son patron, l'homme qui détenait la pièce que je convoitais. Presque aucun mot ne fut échangés, l'échange de la pièce contre une grosse liasse de billet que je gardais dans ma poche de jeans se passa bien. Pour conclure notre affaire, il me proposa de boire un verre avec lui. J'acceptais poliment, m'asseyant à sa table.

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Il suivait le garçon des yeux, se mordant la lèvre. Chung Il était le genre de garçon qui avait toujours la personne qu’il voulait dans son lit, et celle-ci n’allait pas faire exception à la règle. Sans jeter un seul regard à l’homme qui était très visiblement chauffé à bloc pour passer la nuit avec le plus petit, il s’écarta et file en direction du bar, le laissant sur la piste de danse seul. Il gratifiait un des serveurs qu’il connaissait d’un sourire enjôleur avant de lui demander à voir le patron. Il savait comment entendre ce qu’il voulait de la bouche des gens dans ce genre d’endroit, après tout ici personne n’était pur et désintéressé pas vrai ? Il grimpait sur le comptoir avant de passer de l’autre côté de celui-ci, suivant l’employé jusqu’aux bureaux du patron pour faire part de sa demande : avoir un costume d’employé le temps de la soirée.

Quelques minutes plus tard, il ressortait, vêtu de l’uniforme de la boîte qui se composait d’une simple chemise noire ouverte sur ses clavicules, un pantalon noir qui mettait en valeur ce qu’il fallait et un bracelet fluorescent pour le thème de ce soir. Il prenait une bouteille d’alcool sans aucune gêne ni demande à quiconque et se dirigeait vers la pièce où était sa cible. Il était sûr de son coup, quitte à seulement passé quelques minutes avec lui ailleurs pas trop loin pour leurs affaires, ça lui aurait suffi. Un sourire charmeur aux gardes et le voilà rentrer dans la pièce comme un simple serveur n’ayant d’yeux que pour sa cible. Il servait proprement les verres aux hommes avant de venir du côté qui l’intéressait pour faire de même, faisant attention cette fois à sa posture, ses gestes, son sourire, toujours sourire à sa cible.

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D'un geste, l'homme commanda au bar ce qu'il désirait et sans qu'il ait eu besoin d'ouvrir la bouche, un serveur l'amena, le petit jeune de la piste de danse. Je regardais alors le serveur avec de grands yeux, étonné par la vitesse de réaction des employé du bar. Le voyou en face de moi ne devait pas être un gredin comme les autres. La chaleur de l'endroit me fit quitter ma veste, je la posai à côté de moi, dévoilant les muscles des bras ainsi que le tatouage que tous les membres important du clan avaient. Le voleur d'Electric Heart porta son attention sur ce dernier, un sourire en coin avant de me le faire remarquer. Je lui répondit simplement en me présentant: "Kim Jae Won." A l'évocation de mon nom, mon interlocuteur changea de comportement, comme si tout à coups, c'était moi qui était en position de force. Il me proposa un rail de cocaïne que j'acceptais volontiers, ignorant le serveur qui était à présent à  mes côtés à s'occuper de remplir mon verre.Je le penchai sur la table, un billet en main. Je sniffais enfin cette magnifique poudre blanche, balançant ma tête en arrière une fois le produit dans mon nez, m'affalant confortablement sur la banquette.

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Ses yeux se posaient sur les bras de l’homme, se mordant la lèvre en s’imaginant entre ceux-ci. Il n’avait clairement pas les pensées claires, tout se chamboulait dans sa tête et si ça ne tenait qu’à lui, ça fait déjà un petit moment qu’il se serait installé à califourchon sur ses cuisses pour parsemer son cou de baisers. Ses yeux s’attardaient cependant sur un tatouage, reconnaissant celui-ci sans trop de difficultés après toutes les années passées dans ce foutu manoir. Son cœur loupait un battement, il venait de se jeter dans la gueule du loup tout seul, aveuglé par ses folies. Il ne devait pas être quelqu’un de très important, il n’allait pas le dénoncer n’est-ce pas ? Le garçon était pris d’une peur bleue subitement, il ne connaissait pas son rang dans la famille Kim. Il ne le connaissait pas jusqu’à ce que l’homme qu’il convoitait donne son nom : Kim Jae Won.

La bouteille lui échappait des mains d’un coup, le choc était trop grand pour qu’il puisse retenir quoi que ce soit. Sa gorge s’asséchait horriblement et ses mains tremblaient. De tous il avait dû tomber sur le fils de l’homme qu’il avait acheté. Un des gardes se retournait au bruit de verre et commençait à hausser la voix contre le garçon. Il retrouvait alors d’un seul coup ses esprits et tournait les yeux vers Jae Won avant de sortir du carré VIP en trombe. De toute sa vie, il ne se souvenait pas avoir pris la fuite aussi rapidement. Jamais il ne pensait pouvoir avoir autant peur dans sa vie. Lui qui cherchait de l’adrénaline il venait d’avoir la plus grande dose de toute son existence.

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Je me relevais en entendant un bruit sourd, celui de verre se brisant. Le serveur venait d'échapper la bouteille de ses mains. Avant même que je puisse dire quoi que ce soit, un des homme de mains de mon vendeur haussa la voix, faisant fuir ce dernier. A cette instant, j'eus de la peine pour le garçon. Un accident pouvait arriver. J'étais même très bien placé pour le savoir. Je me levais, prenant ma veste en main, descendant mon verre d'une traite, comme un homme. Je remerciai le vendeur, lui proposant poliment de refaire affaire avec lui, échangeant mon numéro avec ce dernier. De gros morceaux de verre se trouvait à mes pieds, j'en ramassais les plus gros en suivant le pauvre serveur des yeux. Sa réaction était extrême pour une simple réprimande. Ne faisant pas attention à ce que je faisais, je me coupai le doigt avec un morceau décidément plus pointu que les autres. Un autre serveur arriva, me priant de me relever, qu'il allait s'occuper de nettoyer et d'excuser le plus jeune, dévoilant son prénom: Chung Il. En un instant je compris qui était cet enfant. Chung Il, l'enfant que mon père avait acheté très jeune. L'enfant que je regardais de loin sans pour autant lui adresser la parole. Que faisait-il ici? Mon père l'avait revendu? Pourtant dans mes souvenir, ce dernier était très apprécié par les clients. A cette idée, ma gorge se serra. Je compris que s'il avait prit la fuite, ce n'était pas à cause du gorille et de son excès de colère mais plutôt à cause de moi, de mon nom. Sans me faire prier, je m'inclinais respectueusement pour enfin partir pour rattraper la marchandise familiale.

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Il avait abandonné le peu d’argent qui lui restait et ses vêtements là-bas, dans le bureau du patron mais il s’en fichait. Il pourrait parfaitement les récupéré plus tard, il le connaissait très bien, il n’allait pas chipoter pour une bouteille et une nuit de garde de vêtement après tout l’argent qu’il avait dépensé dans son bar. Après avoir bousculé les quelques personnes qui arrivaient au bar, il hésitait le temps de quelques secondes. Devait-il aller dans ce qui lui sert d’appartement ? Il ne se sentait pas le moins du monde en sécurité dans cet immeuble désinfecté, mais au moins il connaissait les environs par cœur. Il se mettait donc à courir vers son chez lui, son squat, l’endroit où il a trouvé refuge après s’être enfuit de l’enfer. Les quelques passants se poussaient quand ils avaient le temps, sinon ils se faisaient bousculer, voir renverser au sol. Lui qui se serait excuser était bien trop en panique pour le faire et les aider à se relever alors il se faisait insulté, crier dessus au loin par les pauvres personnes qui ne comprenaient pas combien sa vie était en danger à l’heure qu’il était.

Arrivé en bas de son immeuble, il grimpe les escaliers en béton trois par trois. Son cœur battait à une vitesse folle, son sang pulsait dans ses tempes et son souffle… n’en parlons pas. Arrivé au deuxième étage, le seul aménagé un tantinet de tout l’immeuble et avec des fenêtres rafistolées, il regardait derrière lui. Il soufflait de soulagement avant de gémir doucement de douleur à la naissance de son poing de côté. Il pensait que Jae Won ne l’avait pas reconnu, il voulait y croire, se dire qu’il allait pouvoir continuer sa vie normalement sans jamais avoir à se soucier de cette entrevue. Il marchait plus lentement et sortait son briquet, allumant les bougies qui éclairait la pièce et ses quelques meubles durement gagnés avec un esprit plus reposé, moins en alerte.

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Je le suivais. Jamais je n'aurais pensé autant effrayer une personne. Je me disais -avec beaucoup d'humour- qu'au final je n'aurais pas besoin de me casser la tête au prochain Halloween pour trouver un déguisement. Je quittais le bar peu après lui, le suivant doucement, sans le perdre de vue, les passants qu'il bousculait le ralentissant considérablement. Je m'excusais pour lui auprès d'eux, après tout, mon père ne l'avait probablement pas assez bien éduqué pour lui apprendre le béaba des bonnes manières.

Il arriva devant un immeuble qui semblait désaffecté. Je me cachais comme je pouvais, observant depuis ma cachette ce qu'il allait faire. Chung Il semblait vouloir trouver refuge dans cet endroit. J'attendis quelques secondes avant d'y pénétrer à mon tour. Je l'entendais monter les marches, faisant de même, m'alignant sur le bruit de ses pas pour le surprendre. Pour quelqu'un qui fuyait ses démons passés, il ne semblait pas faire preuve de discrétion ni même d'intelligence. Soudain, plus un bruit. Je continuais tout de même mon ascension jusqu'à ce que mon attention soit porté sur de la lumière au deuxième étage. A pas de loup, je me faufilais dans cet endroit délabré. Il semblait vivre ici. Cela ne me prit que quelques secondes pour comprendre qu'il s'était bel et bien enfuit du manoir familiale. Je m'adossais à un mur, derrière son dos avant d'ouvrir la bouche. "Alors c'est ici qu'tu vis?" lui demandais-je, surtout pour lui signaler ma présence. Les bras croisés, ma veste sur l'un d'eux, je le jaugeais du regard.

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« Alors c'est ici qu'tu vis? »

Cette simple phrase l’avait fait sursauter, crier et se retourner. Son cœur repartait dans sa course folle alors qu’il reculait de quelques pas en tremblant. Il pouvait toujours s’enfuir, mais ça n’aurait visiblement servit à rien, lui n’était pas fatigué alors que le garçon avoir toujours mal à son poing de côté. Il déglutissait difficilement sans le quitter des yeux, apeuré, se sentant comme un chiot enfermé dans une cage. C’était ça finalement, Chung Il n’était qu’un chiot. Ses lèvres s’entre-ouvraient pour parler mais il était incapable de prononcer le moindre mot, alors il hochait imperceptiblement la tête.

Il restait près de la seule sortie de libre, prêt à s’enfuir comme un lapin dès qu’il le pouvait. Pour aller où il ne savait pas, mais loin d’ici, loin de cet homme qui risquait de le ramener chez son bourreau.

« Pour... pourquoi t’es là ? »

Sa voix était tremblante et faible, personne n’allait l’entendre s’il appelait à l’aide puisqu’il n’y avait personne dans les environs et il le savait. Puis de toute façon qui allait l’aider ? Des drogués en train de comatés avant de faire une overdose ? Des alcooliques qui l’auraient laissé dans sa merde une fois que Jae Won leur auraient donné un ou deux billets ? Non clairement il allait devoir ce sortir de cette situation tout seul, si il y arrivait.

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Je ricanais. Voir un chaton apeuré comme ça m'amusait. Comme s'il avait quelque chose à craindre de moi. Que je le reconduise au manoir? Et pour quel raison? Rendre service à mon père? Ça, jamais. Ce garçon m'avait toujours intrigué. Plus jeune, il m'arrivait d'aller l'espionner. Je ne cautionnais pas forcement ce que mon père lui avait fait subir, mais d'après ce que j'en avais vu ce soir, il s'en était accommodé, offrant probablement ces plaisirs nocturnes gratuitement à tout homme qui lui faisait des avances. Je ne pouvais pas me le cacher. Le voir ainsi m'avait déçu. J'avais cette image d'enfant innocent, que nous devions protéger, cette petite chose fragile agissant contre sa volonté mais mes idées semblaient fausses. Mon père en avait fait un vrai nymphomane. Je m'avançais vers lui, décroisant mes bras, un sourire malsain pendu aux lèvres: "Pourquoi? J'n'ai pas l'droit d'être là? T'as acheté l'immeuble? C'est sur qu'une petite pute dans ton genre doit gagner des cents et des milles. D'après s'que j'comprends, t'es parti du manoir. Ça doit être vide sans toi!" Dis-je sur le ton de la moquerie pour enfin passer à ma partie préférée, jouer avec ces nerfs."Tu dois t'faire un paquet d'tune avec tous les mecs qui te baise!"

Je fixais le garçon, le regard vif, tout aussi taquin que le sourire que j'affichais. J'arrivais enfin suffisamment près de lui pour lui attraper le bras, le plaquant contre une commode qui semblait en mauvaise état vu le bruit qu'elle fit lorsque l'enfant fut plaqué face à celle-ci. Mes mains retenaient le garçon pour qu'il ne s'enfuit pas, laissant parler mes instincts les plus bas, ceux que j'avais développé en cellule. Le jeu pouvait alors commencé: le dominant et le dominé. Je nichais mon nez dans son cou, respirant son odeur pour m'imprégner de celle-ci mais surtout pour lui faire encore plus peur, qu'il ait l'impression qu'il allait mourir ce soir de mes mains de meurtrier.

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A mesure qu’il le voyait approcher il voulait s’enfuir, courir loin d’ici, tout plaqué pour tout recommencer, comme lorsqu’il était parti du manoir. Pourtant il restait là, tétanisé sur place, incapable de bouger le moindre doigt pour se défendre ou se reculer. Ses mots, il les entendait mais le temps que son cerveau ne les assimile il se retrouvait plaqué à sa pauvre commode qui tenait déjà difficilement debout sans qu’on lui rajoute un coup supplémentaire.

Dès qu’il l’avait vu rentrer dans le bar, il s’était imaginer entre ses bras. A quel point il allait se sentir faible, désarmé, dominé, mais jamais il aurait pensé avoir aussi peur. Sans qu’il s’en rendre compte des larmes commençaient déjà à perlées aux coins de ses yeux. Trop de peur. Il était tétanisé sur place, l’alcool commençait déjà à se dissipé, il n’avait rien consommé de la journée et redevenait lui-même. Il baissait la tête sans savoir pourquoi, peut-être pour se protéger, mais il lui donnait encore plus accès à ce cou qu’il explorait déjà.

« T-t’es plus au manoir… ? »

Sa voix s’éteignait, seulement un murmure tremblant s’échappait de ses lèvres pour poser cette question. Il essayait de penser à autre chose que la sensation dans son cou qui le faisait frissonner. Sa main se posait sur la commode pour se tenir, voulant le repousser sans en avoir la force. Quel que soit ses efforts ils auraient été vains, la poigne de Jae Won sur son bras suffisait à le lui dire.

« S’il te plait… A-arrête… »

Un simple souffle cette fois, tout bas, faible mais tellement suppliant.  

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Le garçon essayait de détourner son attention. Je le comprenais bien, quel intérêt aurait il eu sinon à me demander si j'étais encore au manoir familiale. Je me souvins alors du jour où je l'avais vu pour la dernière fois, l'année de ces neuf ans. Je l'avais croisé dans un couloir, un hématome sur sa joue droite, mon père l'avait probablement frappé.  Combien de fois j'avais repensé à ce moment, ce moment où, j'aurais pu m'arrêter, lui parler pour peut être le réconforter, lui faire mes adieux. A ce moment, je n'avais aucune idée de ce qui allait m'arriver. En y repensant, je serrai les dents, m'arrêtant d'explorer sa nuque, collant mon nez à cette dernière. Puis un supplice. Il semblait me supplier d'arrêter, comme s'il s'était déjà fait la scène dans sa tête. Pensait il que j'allais succomber comme tous les autres? Pensait-il que ces instincts me rattraperai. Je grognais, mécontent de l'entendre se rebeller. Me redressant légèrement, j'attrapais ces épaules, le retournant pour le plaquer une seconde fois contre cette pauvre commode. Un deuxième coup. L'objet grinçait puis un pied succomba à notre poids, faisant éclater le bois déjà usé. Il était à présent face à moi, retenu par mes mains, un regard grave analysant son visage, puis la surprise de l'objet qui bascula d'un côté. Énervé, je le plaquais une nouvelle fois violemment contre l'objet déjà endommagé. Quelques tiroirs s'ouvrirent, dévoilant quelques bricoles et vêtements. "Tu m'prends pour une tapette? Tu crois qu'tes beaux yeux m’intéressent?!" hurlais-je sans me soucier du meuble que je maltraitais en même temps que l'humain face à moi. "Quand bien même! J'ai quoi d'moins qu'les autres?!" lui demandais-je sur le même ton, excédé par ce refus de sa part.

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Il sentait sa nuque être à nouveau libre et pensait que le calvaire allait s’arrêter là mais d’un seul coup il se retrouvait face à Jae Won. Ses yeux se plantaient dans les siens avant de se fermer sous le choc contre l’objet. Une plainte s’échappait de ses lèvres, puis une autre encore et encore, chaque coup la lui arrachant. Son dos lui faisait de plus en plus mal, ses mains agrippaient les avant-bras du plus vieux, se tenant à lui comme il pouvait pour espérer avoir moins mal. Les larmes coulaient finalement sur ses joues alors que de ses lèvres s’élevait de plus en plus fort des excuses. Il redevenait le même qu’avant, ce garçon qui s’excusait pour un rien, qui se pliait aux caprices de n’importe qui, n’importe quand, n’importe où. Il se maudissait à cet instant même d’avoir voulu jouer avec le feu, il en payait le prix fort et retiendrais la leçon un long moment.

« J’suis désolé j’suis désolé, steuplait arrête j’ai mal... me fais pas mal… s’il te plait… »

Sa voix tremblait sous ses pleurs, mais évidemment il ne répondait pas à la question, Jae Won n’avait rien en moins que les autres. Alors pourquoi lui avait-il demandé d’arrêter ? C’était idiot de sa part, et très suicidaire. Il couchait avec n’importe qui depuis toujours pourquoi pas Jae Won ? Parce qu’il était né dans cette famille. C’était la seule raison poussant Chung Il a l’exclure de sa vie.

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J'avais l'impression d'avoir affaire à un chaton sans défense. Le fait que le plus jeune se laissait malmener m'agaçait. S'il se laissait faire avec moi, cela signifiait qu'il agissait ainsi avec les autres. Pas étonnant que plus tôt dans la soirée, je l'avais aperçu se faire tripoter en public par un homme visiblement de mon âge. Je grognais une seconde sous la colère, le lâchant pour aller faire rencontrer mon poing à sa mâchoire. "Mais t'vas arrêter avec tes excuses bidons bordel de merde!" Mon visage changeait, bien que je semblais être énervé précédemment, ce n'était rien comparé à l'expression qui se dessinait peu à peu sur mon visage.  Les traits de ce dernier se déformait, se crispant, marquant toutes les rides de mon visage, les sourcils froncés, je grognais à nouveau. Le pauvre enfant avait réveillé la bête qui était en moi. Je me sentais perdre le contrôle de mon corps, laissant les instincts que j'avais développé lors de mon incarcération refaire surface. Ma main qui agrippait encore son bras le poussant violemment au sol, et sans même que je me préoccupe de son étant, je le dominais déjà, enchaînant les coups sur son visage innocent. J'aurais pu m'arrêter là mais non, mes nerfs avaient lâché. J'essayais de me reprendre, je savais que je si je continuais, j'allais le tuer mais c'était plus fort que moi. Pourquoi maintenant? Pourquoi lui? Il ne m'avait pourtant rien fait. Dans le passé, je n'avais jamais eu d’animosité envers lui, au contraire, c'était plutôt de la compassion. J'avais toujours eu envie de le protéger, de le prendre dans mes bras, lorsqu'il pleurait, je sentais mon cœur se serrer. Pour moi cet enfant représentait l'innocent agneau que l'on amènerait un jour sur l'autel pour l'offrir en sacrifice aux dieux. Ce jour était-il enfin venu? Était-ce mon rôle d'égorger cet agneau?

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Une seconde il avait cru que les douleurs allaient passées, que Jae Won n’allait plus lui faire de mal. Mais très rapidement il se rendit compte que ce n’était que le début. Il le comprenait au moment où sa lèvre s’écorchait contre ses dents sous le coup que venait de lui porter le plus vieux. Toutes les personnes qu’il avait rencontré jusqu’à maintenant se calmaient en l’entendant s’excuser, Jae Won, lui, s’était encore plus énervé. Une plainte s’échappait de ses lèvres meurtries lorsque son corps rencontrait le béton, puis elles se faisaient de plus en plus fortes, de plus en plus douloureuses à mesure que Jae Won le frappait.

L’espace d’une seconde lui vient l’idée que peut être ce soir il allait arrêter de vivre ainsi, qu’il n’aurait plus à se cacher, à se laisser toucher par qui que ce soit, qu’il n’aurait plus à vivre dans le froid, la faim et autre sentiment désagréable dû à sa pauvreté.
L’espace d’une seconde, il avait eu cette joie inhumaine de ne plus voir le soleil se lever. Mais cette euphorie était rapidement calmée par une nouvelle rencontre de sa mâchoire avec le poing imposant du fils Kim. Avant cette libération, il allait souffrir, il n’était pas prêt à ça, il voulait tout sauf avoir mal.

Alors, ses excuses se transformaient en silence entrecoupées de plaintes, sa joues s’engourdissait et le tirait au même moment alors qu’un goût de fer s’installait peu à peu dans sa bouche. Il ne prenait plus la peine de tourner la tête face à lui, laissant à Jae Won ce plaisir si l’envie lui prenait. La dernière fois qu’il avait ressenti ce genre de sensation remontait à l’époque où la famille Kim avait la main mise sur lui. Des souvenirs remontaient à la surface, se rappelant qu’il avait déjà survécu aux mauvais traitements du père, des gardes et mêmes de ses clients. Encore une fois il servait de défouloir, subissant les pulsions les plus enfouies, inhumaines et douloureuses sans un mot, seulement des perles salées roulant sur ses joues,  rappelant silencieusement qu’il avait lui aussi des sentiments.

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Mes coups sur son visage raisonnaient dans tout l'immeuble. Un, puis deux, puis trois, j'en étais peut être à présent à une dizaine, mon sang bouillonnait, je voulais m'arrêter, arrêter de lui faire mal, je me mordais la lèvre inférieur espérant que la douleur de mes dents se plantant dans ma chair allait me stopper quand soudain, je vis perler sur son visage des larmes. Inconsciemment, je m'arrêtais net, le poing en l'air, le menaçant d'un nouveau coup. J'étais tétanisé l'espace de quelques secondes, observant sa bouche ensanglantée. A cette instant, je me dis que je ne valais pas mieux que mon père, mon visage s'adoucissent légèrement, je laissais tomber mes bras contre mon corps, assis à califourchon sur le plus jeune. Je le regardais désemparé par ce que j'avais fait. Je constatais les dégâts que j'avais causé au garçon, mes yeux commençaient à s'humidifier, laissant parler des émotions que peu de gens avaient eu l'occasion de voir, la plupart n'étant à présent plus de ce monde.

Je me penchais sur Chung Il, prenant son visage dans mes mains, lui caressant la peau du bout du pouce. "C'est... c'est à cause de moi que tu pleures?" lui demandais-je d'une voix beaucoup plus calme, me penchant d'avantage pour ramasser une larmes qui coulait sur sa joue droite avec mes lèves, embrassant d'une tendresse qui m'était presque insoupçonnée. "Pardon, ne pleure plus... ton pauvre visage..." dis-je doucement d'une voix innocente, mon regard sanguinaire se plantant dans les yeux de l'agneau.

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Ses yeux se tournaient vers lui, se demandant si sa colère était passée à présent. Il s’attendait à se prendre un nouveau coup pour avoir osé le regarder mais son visage s’était adoucit. Sans comprendre pourquoi, il sentait les lèvres de l’homme sur sa joue, ramassant ses larmes alors qu’il grimaçait doucement sous la douleur que cela lui provoquait. A sa question, il aurait répondu un « évidemment connard » en temps normal, mais là il allait se contenté de mentir. C’était la seule chose qu’il savait faire sans qu’on le remarque.

« Non… c’est rien… »

Sa voix n’était qu’un murmure tremblant, apeuré de ce que pourrait lui faire Jae Won. Ce n’était qu’un aperçu du traitement qu’il pourrait subir ce soir, il le savait très bien. Tout comme il venait seulement de gouter qu’à une partie de sa force qu’il n’imaginait pas aussi grande. Ses yeux rencontraient ceux de Jae Won, ne sachant quoi lui dire. N’avait-il plus le droit de pleurer ? Il n’était pas certain de pouvoir faire ce que voulait le Kim cette fois-ci, personne ne lui avait jamais interdit de pleurer jusqu’à aujourd’hui. A part peut-être quelques gardes ? Lorsque ceux-ci venait dans sa chambre pour profiter de son corps, ne voulant pas être surpris ils lui demandaient de ne pas pleurer, de ne pas faire de bruit. Alors en garçon obéissant il pleurait en silence, profitant du noir pour laisser ses larmes coulées sans autorisation. Sinon ça ne s’était jamais produit.

Ses yeux se baissaient, se détournaient de Jae Won, tentant de se contrôler pour ne plus être aussi instable et donc éviter de pleurer pour la suite. Parce que oui, il pensait bien que l’homme n’allait pas s’arrêter ici. C’est donc le dos meurtri et marqué, le visage blessé et taché de ce liquide rouge que Chung Il lui offrait son corps, le laissant faire ce qu’il voulait de celui-ci sans protester, comme avec tout le monde puisque c’était ce que voulait Jae Won, être traiter comme les autres.

Let's get drunk before you run
Jae Won & Chung Il

Ma lèvre inférieur en sang, je tachais sa joue de ce liquide écarlate, ce dernier se mélangeant aux larmes que je n'avais pas ramassé. Alors que plus tôt je pensais m'être calmé, je savais qu'il m'avait menti. Il n'allait pas bien, il suffisait de voir son visage pour le comprendre. Sa soumission m'était insupportable. Un être normal n'aurait pas aussi rapidement capitulé. Il se serait débattu, j'aurais eu le droit à des ripostes ou des semblants, il m'aurait défié du regard. Son comportement me fit comprendre que je n'étais pas le premier à le traiter ainsi. Que ma famille en était responsable et que je suivait les traces de mon père a agir de la sorte. Une de mes mains se retira doucement de son visage pour tomber nonchalamment le long de mon corps. Je me dégouttais. Je le regardais avec tristesse, le cœur serré. Voilà que mes nerfs s'activaient à nouveau. Mon sang bouillonnait toujours mais j'avais enfin réussit à me contrôler, je ne voulais pas replonger et pourtant...

Je serrais les dents, me relevant puis reculant le plus rapidement possible pour ne pas lui faire de mal. Hélas, je ne le fus pas assez. Ma main attrapa ses cheveux que je tirai et dans un geste violent, je le tirais un mètre plus loin, sur un matelas qui semblait être son lit. "Pourquoi t'es comme ça?! A te laisser faire quand on te blesse?!" hurlais-je alors énervé et désespéré. Mon visage avait reprit cette expression monstrueuse. Je m'avançais doucement vers le matelas où il avait atterrit, les yeux ronds, un sourire crispé trop effrayant pour être agréable je me penchais près de lui pour me mettre à son niveau. "T'aimes qu'on te traite mal? C'est pour ça que tu te laisses aussi docilement faire?" lui demandais-je d'une voix qui se voulait étrangement chantante. Je faisais mon maximum pour me contenir et ne pas succombé comme avant. Je savais qu'ici je n'étais pas en danger, que le seul détraqué dans l'immeuble, c'était moi.

Let's get drunk before you run
Jae Won & Chung Il

Dans ses yeux une pointe d’espoir avait pu se lire, le temps de quelques secondes, il avait eu cette pensée qui lui disait : « c’est fini maintenant ». Mais un cri se faisait entendre, las et ressemblant à une plainte. Ses mains s’étaient difficilement portées sur le poignet qui retenait sa chevelure, espérant apaiser la douleur en vain. Rien n’était fini…

Il tombait sur le lit lourdement, pouvant sentir le sol lors de sa chute malgré le matelas. D’ordinaire il aurait fermé les jambes aussi fortement qu’il le pouvait, mais les coups qu’il avait reçu l’avaient fatigué alors il les laissa légèrement écarter, pas assez large pour glisser une jambe mais assez fébrile pour se glisser entre sans soucis. Ses mains se posaient sur le torse de Jae Won, voulant le repousser, lui dire que non, il n’aimait pas ça. Ses yeux s’humidifiaient à nouveau alors qu’il secouait doucement la tête, murmurant un faible « non… » en réponse. Ses mains exerçaient une légère pression sur son torse, essayant de lui faire comprendre.

« S’il te plait… Laisses moi… Pitié… »

Ses mains tremblaient, ses doigts se serraient très légèrement alors que tout son corps se mettait à frémir. Jamais il n’avait rencontré quelqu’un qui lui faisait aussi peur, peut-être est-ce qu’il n’avait jamais rencontré de membres de la famille Kim depuis son départ ? Etaient-ils tous aussi fou ? Il n’arrivait pas à se souvenir, son esprit n’arrivait pas à se concentrer sur autre chose que le sang qui pulsait dans son corps, sur autre chose que son esprit qui le mettait en alerte et tournait à plein régime pour trouver quoi dire pour ne pas souffrir.

Il tentait d’être aussi réfléchis que possible, laissant sa témérité à un autre jour, pourtant ces deux mots s’échappaient de ses lèvres, résonnant dans la pièce sans qu’il n’ait fait attention :

« J’ai peur …»

Let's get drunk before you run
Jae Won & Chung Il

J'essayais de me calmer, je me concentrai mais les mots de Chung Il raisonnaient dans ma tête. "J'ai peur..." Combien de fois j'avais imaginé ce genre de pensée venant de lui. L'enfant fébrile que j'avais connu jadis devait déjà penser cela de moi avant même que je pose ma main sur lui. Pas étonnant qu'il était parti en courant en entendant mon nom. Malgré mon nom, j'aurais voulu que nos retrouvailles se passent différemment. Je ne m'attendais pas à de grandes embrassades, nous n'avions jamais été très proche, mais si un jour on m'avait dit que ma prochaine rencontre avec lui serait dans un immeuble désaffecté où il avait élu domicile, que je me retrouverai à le frapper et lui à me provoquer, je ne l'aurais pas cru. Et pourtant...

A genoux devant le matelas, je me sentais impuissant, soupirant longuement pour essayer de me calmer quand tout à coup, ces mots finirent de raisonner. Je levais la tête pour le regarder. Même sa position était une invitation au vice. Pendant tant d'années où j'avais fait ce genre de chose, je m'étais  concentré sur l'image que je me faisais de lui plus vieux et là, il s'offrait à moi, enfin, se laissait faire. J'aurais pu lui ouvrir le ventre pour lui voler un organe qu'il n'aurait pas bougé d'un pouce. Malgré cette envie, je savais que ce n'étais pas bien de penser cela, que je n'étais pas fait pour ce genre de chose et je valais mieux. Pourtant, mon énervement et ma frustration envahissait mon corps et mes pensée. Je soupirai, voulant partir, le laisser pour ne plus être tenter, le fuir à chaque fois que je le croiserai pourtant mon corps se leva pour s'avancer vers le matelas. Instinctivement, je le pris par la taille, le retournant dos à moi. C'était comme en prison sauf que là, c'était avec lui, lui que j'avais imaginé à leur place pendant tant d'années. Je retirai son pantalon puis le mien, posant une main dans sa nuque pour l'immobiliser, le pénétrant sèchement et d'un coup.

J'attendais que les sensations se calme pour reprendre. Un premier coup de rein se fit. La douceur étant en option, j'ignorai les plaintes que mon partenaire pouvait faire pour continuer avec cette fois-ci plus de délicatesse. Le deuxième coup de rein avait été donné. Puis le troisième, moins fort que le précédent et ainsi de suite. Mes mouvements se faisait à chaque fois plus doux que le précédent jusqu'à ce que je reprenne, plus violemment. Malgré la bestialité de l'acte, ces derniers dégageaient une certaine sensualité. Mais alors que j'avais pensé que mon cœur allait s'emballer, ce dernier s'essouffla. Je transpirai, gémissant de plaisir mais rien n'y faisait, ce n'était pas différent qu'avec tous les autres. Je m'étais fait des idées sur lui, sur ce que j'aurais pu ressentir en lui. Qu'avait-il alors de si exceptionnel si ce n'était pas différent, si je n'y prenais pas plus de plaisir qu'avec les autres? L'avais-je idéalisé pendant toutes ces années? La seule différence était qu'avec lui, je ne me forçais pas à imaginer quelqu'un puisque la personne que je désirai était sous mes yeux, le visage ensanglanté.

Je me lâchais en lui en quelques spasmes, grognant ma satisfaction bestiale. Je me relevais à la fois calmé mais déçu. Sans un regard je me rhabillais pour partir en direction de ce que l'on pouvait appeler l'entrée de son appartement. Je m'arrêtais juste avec de la franchir, me raclant la gorge pour enfin prendre la parole. "Je ne dirai à personne où tu vis... pour le moment." Oui, en bon sadique que j'étais, je laissais planer le doute entre lui et moi. Ma main se posa sur l'endroit où jadis une porte se trouvait, regardant le mur, me faisant violence pour le laisser et surtout ne pas le regarder. Ma main gauche alla se nicher dans ma poche où je sortis un paquet de cigarette industrielle. J'en portais une à ma bouche pour l'allumer, avalant puis recrachant la première bouffée. Le lâche que j'étais pouvait enfin s'en aller.

Let's get drunk before you run
Jae Won & Chung Il

Ses membres tremblaient, plus que jamais il avait peur, il n’arrivait pas à prédire les réactions de Jae Won. Lui qui d’ordinaire arrivait à deviner ce qu’allait faire ses partenaires se retrouvait totalement perdu, incapable de dire ou de faire ce qu’il fallait. Ses yeux suivaient les mouvements du plus vieux, tentant de comprendre pour se préparer psychologiquement à ce qui allait suivre.

Sans un mot Jae Won le retournait sur le ventre, il comprenait alors aisément ce qui allait se passer dans les minutes qui suivent. Un bruit plus que familier, puis une sensation de froid pour enfin sentir une pression. Cet endroit, sa nuque, un des seuls endroits de son corps avec ses poignets qui a été témoin de la poigne de ses partenaires. Ses doigts se resserraient autour des draps dans lequel son visage s’était partiellement enfoui. Tout d’un coup, une décharge se faisait sentir dans ses reins, une sensation de déchirure douloureuse qui lui était, malheureusement, bien trop familière. Un cri de douleur résonnait dans la pièce pratiquement vide, ses articulations blanchissaient à serrer les tissus bien trop fort. Le peu de force qu’il lui restait servait à contracter ses muscles pour tenter d’apaiser la douleur. Une larme coulait sur sa joue rapidement suivis par d’autres, son visage d’ordinaire attirant et charmeur était déformer par la douleur, par ses plaintes toujours plus tremblantes et las, et à nouveau salit par des larmes.

Il avait eu l’habitude pendant des années de souffrir de ce genre de traitement pourtant ce soir était la plus douloureuse. Il était conscient de tout, incapable d’annihilé la douleur avec de l’alcool ou des stupéfiants, incapable d’oublier que l’homme en lui en ce moment même était le fils de celui qui l’avait mis dans cette galère, incapable d’oublier qu’il avait cherché de lui-même cette situation en allant vers Jae Won. Même si la douleur était présente, il avait remarqué le côté doux des mouvements de ce dernier, remerciant intérieurement celui-ci d’avoir un peu de considération pour son corps. Enfin jusqu’à ce qu’il se fasse plus brutal, plus sec, qu’il accentue cette douleur déjà trop aigu pour Chung Il.

Peu à peu ses mains se décrispaient, se détendaient, comme tout le reste de son corps : il n’avait plus d’énergie pour lutter. La douleur qui jusqu’à maintenant restait concentrée sur ses reins remontait à chaque coup vers sa nuque, désagréable, comme une décharge électrique beaucoup trop puissante, lui donnant mal à la tête et le faisant s’engourdir peu à peu. Chung Il se sentait spectateur de ce qu’il se passait, son corps ne réagissait plus, son esprit ne cherchait plus de coupable, il laissait les choses se passer purement et simplement. Ses joues séchaient, ses yeux piquaient, il n’avait plus de larmes à donner pour cet homme, pour personne d’autres d’ailleurs.

Puis venait cette sensation, chaude, trop chaude pour le corps endormi du brun, et désagréable. L’acte l’avait fait se sentir sale, mais savoir qu’il venait de le marquer de l’intérieur le dégoutait encore plus. Il détestait son corps, salit, humilié, utilisé, vendu comme un vulgaire objet, pourquoi n’avait-on pas fait de lui un objet à proprement parler. Chung Il ne croyait pas en Dieu, même s’il en avait entendu parler, pour lui ça n’existait pas, cependant il y a bien une question qu’il aimerait lui poser, une seule et unique question : Pourquoi a-t-il fallut qu’il  lui donne des sentiments ? C’était la seule interrogation à laquelle il aurait voulu avoir une réponse. Cependant une autre lui était donné par Jae Won qui était maintenant prêt à partir. Le plus jeune ne s’était même pas rendu compte de ce qu’il c’était passé et à vrai dire il s’en fichait, tout comme ce que lui disait Jae Won. Il pouvait bien dire où il habitait, la preuve venait d’être faite que sa vie était la même dans le manoir et en dehors.

Les bruits de pas du Kim s’éloignaient jusqu’à disparaitre, laissant le garçon souillé seul et à la merci du moindre fou qui passerait. Dans un dernier effort il roulait dans le lit, prenant la couette avec lui pour s’emmitoufler dedans. Doucement il revenait à lui, sentant chaque plaie et hématome sur sa peau, sentant la semence de l’homme qui venait de fuir encore en lui, sentant les larmes remontées sur ses joues. Son cœur se serrait, ses doigts agrippaient le tissus doucement, cherchant une chaleur, un réconfort dans les draps froid et sale tout en sachant que personne ne viendrait lui dire que c’est fini.