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Jae Won & Chung Il

Le garçon ne tarda pas à me répondre avec entousiame. Je riais doucement, me tournant vers lui pour regarder son visage. J'avais l'impression d'avoir affaire à une personne complètement différente. D'abord, malgré sa plainte sur le breuvage, il le buvait en silence, bien que grimaçant, mais c'était vraiment infecte, il ne fallait pas le cacher. Puis son air enjoué, ses joues légèrement rosées, son enthousiasme. Je ne pouvais que sourire -bêtement- devant lui. Un peu absorbé par ma contemplation sans relever ce qu'il avait en main pour patienter, je me tournais à nouveau vers la gazinière, préparant une casserole pour le bain marie. Dans un bol, je coupais grossièrement des morceaux de chocolat puis en attendant que l'eau boue, je m'occupais du bacon et des œufs. Je cassais deux œufs, les brouillant dans la poêle pour enfin les mélanger à la viande. Un vrai déjeuné de bonhomme. L'eau de la casserole bouillait enfin. Je plaçais le bol au dessus, le bloquant à l'aide de baguette pour faire fondre le chocolat grâce à la vapeur d'eau. Cela évitait à la friandise de coller au bol, nous permettant d'obtenir un texture plus fine et légère. Je servis le plat salé dans deux petits bols, coupant le bacon en morceau.

J'amenais le préparation sur la table basse quand je vis enfin ce que lisait le plus jeune. Je devins alors tout rouge. Honteux, je le lui arracha des mains. "Regarde pas ça! C'est... 'fin... c'est pas pour les enfants!" balançais-je nonchalamment pour me défendre, ne voulant pas qu'il m'attribut l'étiquette "obsédé". Je pris le magasine sous mon bras, le balançant dans un placard -vide- de la "cuisine" pour le cacher, retournant à ma casserole. J’éteignis le feu, versant quelques gouttes de lait pour diluer le chocolat fondu. Avec un vieux torchon, j'apportais le bol sur la table, mettant une cuillère à l'intérieur pour que le plus jeune puisse se servir sans se brûler. Je m'installais enfin à côté de lui, un bol d’œufs brouillés au bacon devant moi, des baguettes en main: "Bon ap'!" balançais-je en prenant un premier morceau en bouche tout en évitant de croiser son regard, encore honteux de l'histoire du magasine.

Chung Il continuait à feuilleter les pages, semblant dans un état totalement différent du résultat escompté par les créateurs. En effet il était plus curieux et fasciné que véritablement excité par ce qu’il voyait, se demandant comment des femmes pouvaient poser ainsi, dans ce genre de vêtement et d’autres questions toutes plus étranges les unes que les autres. Mais lorsqu’il vit le magazine se faire retirer de ses mains, le brun levait la tête vers le plus vieux, le voyant rougir, gêné. Une moue boudeuse au visage il suivait Jae Won des yeux.


« Mais je suis pas un enfant ! Je peux le voir ! Ça me choque même pas ! »

Sa voix montrait une certaine indignation, pourquoi Jae Won avait-il le droit de voir ce genre de magasine et pas lui ? Il attendait alors qu’il revienne près de lui pour faire des yeux brillant, se rapprochant du plus grand de façon mignonne.

« Aller mooontre ! J’ai jamais vu ce genre de truc… ça t’excite de voir des images comme ça ? »

Une question qui pouvait sembler subjective, partant d’un certain apriori, mais sa voix était seulement remplie de curiosité. Chung Il ne comprenait pas comment il pouvait être excité un tant soit peu avec seulement des photos. Pour lui il y avait besoin de le créer avec un contact physique, une odeur, des attitudes, des mots pas avec des bouts de papier. Il retirait la couette et se levait lentement, regardant les magasines qui jonchaient le sol à la recherche d’autre chose d’intéressant.  

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En entendant les mots du garçon, je crachais le morceau d’œufs, stupéfait par le ton innocent et la violence de ses propos. Je rougit d'avantage, le fuyant du regard. "Pas du tout. Arrête avec ça." dis-je sur la défensive. Oui, il m'arrivait de m'abandonner à des plaisirs solitaire avec ces vieux magasine. Je n'avais pas d'ordinateur, pas de télé, j'avais besoin de ça, peut être pour me rassurer lorsque je me sentais trop excité lorsque je pensais à un individu en particulier, quelqu'un que je me refusais d'apprécier comme ça car pour moi, ce n'était pas naturel. J'essayais de me convaincre qu'il s'agissait des réminiscences de mon incarcération, mais lorsque je remontais plus loin dans mes souvenirs, je savais que ça avait toujours été le cas lorsque je pensais à ce garçon. Je baissais la tête, me mordant la lèvre inférieur quand j'entendis Chung Il se lever. Je le suivis du regard. Il ne me fallu pas longtemps pour comprendre ce qu'il faisait. Il cherchait un magasine dans le même genre. Je grognais, me levant pour aller le rejoindre. J'attrapais ses épaules, le forçant à se rasseoir. "T'façon toi tu t'en fous, t'es qu'un gay." lui balançais-je maladroitement en plein visage, pensant qu'effectivement le garçon ne fréquentais que des hommes. Mon père l'avait habitué à ça, pour lui cela devait être normal, quant à moi, on m'avait toujours appris que c'était quelque chose de mal et d'immoral que de toucher un homme. Et pourtant... Ce fut avec un homme que je perdis mon pucelage. Mais j'étais certain d'une chose, c'était que si je n'avais pas finit en prison, jamais je n'aurais eu ce genre d’expérience. Je soupirai, le poussant dans la canapé. Je ne voulais pas qu'il soit trop curieux, pas à mon sujet ni même par rapport à ce lieu. "Ne pose plus de question sur moi, arrête de fouiner ici, tu te feras mal." lui dis-je avec une grosse voix. "Contente toi juste de ce que je t'offre, c'est la seule chose que je peux faire pour toi..." ajoutais-je en un soupire, détournant le regard pour enfin m'éloigner du canapé en attendant qu'il se relève. Mon regard s'était assombrit, mes envies primaires avaient refait surface et à mesure que je le fréquentais, ma frustration grandissait.

Chung Il restait le regarder sans comprendre une fois assis de nouveau sur le canapé. Il rattrapait la couette pour retourner dedans, s’installant dans le canapé plus confortablement. La remarque de Jae Won le percutait d’un seul coup, était-il vraiment gay ? Il penchait la tête sur le côté avant de la secouer, faisant une petite moue.

« Je couche aussi avec des femmes tu sais ? »

Le verbe « aimer » n’était pas dans son vocabulaire, alors il se contentait de dire qu’il couchait avec tel ou tel personne pour qualifier une certaine attirance purement physique. Il n’était pas gêner de parler de ce genre de chose, mais il ne savait pas s’il en était de même pour le propriétaire des lieux. De plus, sa voix l’intimidait, il faisait en sorte de l’intimider volontairement pour l’arrêter, c’était tout ce qui marchait avec le plus jeune et il semblait l’avoir compris. Alors il baissait les yeux en se mordant la lèvre, timide.

« Mais je suis curieux j’y peux rien… T’aime pas que je m’intéresse à toi et à où tu vis, tout ça ? »

Encore une fois, il avait cette voix enfantine, chantante. Sauf que son ventre tremblait un peu à cause de la faim alors pour calmer tout ça il prenait du chocolat liquide avec son petit doigt avant de le mettre dans sa bouche, ses yeux passant de Jae Won au liquide pour se reposer sur l’homme, le doigt toujours en bouche et des yeux arrondis.

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Un pieux imaginaire me transperça le cœur lorsque le plus jeune prononça sa première phrase. Je me tenais la poitrine comme pour digérer le choc. Je repensais alors aux marques sur son dos que j'avais aperçu hier soir lorsque je l'avais couché. Je serais les dents, grognant à nouveau. Voilà qu'il m'avait encore une fois énervé. Et comme si ce n'était pas suffisent, il prétexta s’intéresser à moi. Était-ce vraiment de l’intérêt ou plutôt de la curiosité malsaine? Chung Il avait bien compris qu'avec moi, il ne risquait pas de retourner chez mon père. Que temps que je serai près de lui, il ne lui arriverait rien. Il l'avait vu la semaine précédente, il le savait et donc prétendait s’intéresser à moi et mon lieu de vie pour probablement ne pas me perdre en cas de besoin. Je n'en pouvais plus, mon cerveau bouillonnait tout comme mon sang. Un regard assassin se tourna vers lui quand je le vis le doigt dans la bouche avec son air innocent. Était-il en train de me chercher ou était-il vraiment innocent? Je n'arrivais pas à lire en lui et cela m'énervait deux fois plus. Un dernier grognement se fit entendre jusqu'à ce que j'explose, vidant mon sac devant lui avec toute la délicatesse qui me caractérisait. "J'veux pas savoir avec qui tu couches. J'm'en branle du nombre de conquêtes que t'as, t'es qu'une traînée. C'est normal pour quelqu'un comme toi d'coucher à droite, à gauche et avec n'importe qui!" lui hurlais-je dessus avant de continuer. "Puis qu'est ce tu m'veux?! J'suis quoi pour toi? Un jour tu fuis, le précédent tu m'insultes et me suis pour carrément débarquer à l'improviste! J'suis quoi pour toi, un jouet? J'sais jamais sur quel pied danser avec toi! Tu m'énerves! Tout le temps!" j'allais déraper, je le sentais c'était plus fort que moi. Pour ne pas le blesser, je reculais de lui sachant que je pouvais être très violent et regretter les gestes que je pouvais avoir envers lui, comme ceux que j'avais eu il y a un peu plus d'un mois. Au-delà des gestes, il s'agissait des mots. Je ne voulais pas lui dire qu'il comptait de manière inexplicable pour moi. Il l'avait sans doute compris ou peut être pensait-il que j'essayais de racheter les tores de ma famille, mais mettre des mots dessus, il en était hors de question. Je ne voulais pas être dans cette situation de faiblesse face à lui surtout que je me doutais qu'il en profiterait.

Son regard le figeait sur place, incapable de bouger le moindre doigt, même celui qu’il avait en bouche restait entre ses lèvres. Il sursautait en entendant la voix puissante de Jae Won, sentant son cœur se serrer une nouvelle fois. Il l’avait énervé, il le savait, encore une fois, mais il ne savait pas quoi faire. La peur de le voir devenir violent le prenait au ventre, mais il ne savait pas si ça se déclencherait quand il ne bougerait pas ou quand il bougerait. Est-ce qu’il devait parler ou se taire ? Se justifier ou encaisser ? Il n’en savait rien mais son cerveau tournait à plein régime dans la panique. Les larmes lui remontaient aux yeux en un fragment de seconde alors qu’il déglutissait difficilement.

« Désolé… »

A nouveau, comme la première fois, un simple murmure se faisait entendre. Chung Il n’était pas capable de plus à cause de la peur qui le tétanisait. Il se levait en tremblant, se penchant à la façon des Kim avant de reculer de quelques pas.

« Excuse-moi… Je te laisse… Je… désolé de t’avoir déranger… Je t’embêterais plus… »

Tout en parlant il faisait des petits pas en arrière, à vrai dire il ne savait pas vraiment comment ouvrir ce qui servait de porte d’entrée. Il continuait à se pencher encore et encore, laissant finalement les larmes coulées sur ses joues librement.

« Je… Je me sentais bien avec toi… Et tu me protège alors c’est pour ça que je suis venu… Je peux pas jouer avec toi, je sais pas faire ça et je veux pas… Et… c’est toi qui peut me ramener chez ton père… J’ai toujours peur de toi ! Comment tu veux que je joue ?! Et pis pourquoi tu me cri dessus ?! J’ai fait quoi de mal cette fois ?! »

Sa voix tremblant, montait, déraillait parfois. Pour une des rares fois dans sa vie il osait dire quelque chose, il ne voulait pas seulement entendre et subir, il voulait expliquer les choses à la personne en face. L’homme qu’il avait rencontré ce matin l’avait rendu heureux, lui avait donné le sourire et pendant un moment il avait oublié toute sa soirée d’hier, tous ses soucis. Mais tout d’un coup, tout lui revenait. Le simple mot « traînée » suffisait à tout lui remettre en mémoire douloureusement.

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Je me sentais con, terriblement con. Alors qu'il avait fait un pas énorme vers moi, comme le premier des imbécile, je lui avais fait peur, encore. Bouche-bé par sa réaction et ces explications, les larmes qui coulaient sur son visage me rendant encore plus mal. J'étais tétanisé à l'idée de lui courir après, de m'ouvrir à lui comme jamais je ne m'étais ouvert à personne. C'était plus fort que moi. Agir comme un con était presque devenu une manie pour moi. Cracher mon venin, faire sortir tout le mal qui était en moi, m'en prendre à un innocent comme le garçon et pire, lui rappeler qu'il n'y a pas si longtemps, il n'était qu'un objet pour ma famille. Pourtant, il m'avait avouer qu'il se sentait bien en ma présence. Mon cœur s'affolait, serré par l'état dans lequel il était mais aussi battant à une vitesse folle par ces déclarations plus que surprenantes. Peut-être disait-il vrai? Il ne me voulait pas de mal, ne voulait pas utiliser mon nom comme bouclier. Je le regardais bêtement partir, me faisant violence pour bouger. Je ne voulais pas qu'il parte. Pas maintenant. Jamais. Je pestais, m'avançais vers la porte du garage pour le rattraper et sans réfléchir, je le pris dans mes bras. Je le serrais fort contre moi, laissant échapper une larme. "Pars pas... pardon... c'est moi j'suis un con..." dis-je tout bas. Encore sans me soucier de ce qu'il pouvait ressentir, en bon égoïste que j'étais, je le gardais près de moi, posant ma tête à moitié sur son épaule, à moitié sur mon bras autour de cette dernière. Je n'étais pas fort dans les relations humaines et surtout lorsqu'il s'agissait de parler aux autres alors il devait me comprendre. Seul. Je n'arrivais pas à lui expliquer et quand bien même, on ne se connait jamais assez vraiment pour prédire son comportement à l'avance, mettre des mots sur ce dernier pour enfin l'extérioriser. Je me mordais la lèvre pour m'empêcher de parler et dire encore ce que j'avais sur le cœur, me contentant de le retenir, peut être contre son gré.

Son cœur se soulevait en le voyant s’approcher, une peur bleue le prenait, son corps arrêtait de bouger, tétanisé. Il s’attendait à se prendre un poing dans le visage, une gifle, à être plaqué contre le mur, tout absolument tout. Excepté ça. Les yeux du brun se fermaient en le voyant aussi proche, se préparant mentalement avant de sentir une pression tout autour de lui. L’air qu’il respirait était teinté d’un parfum qu’il ne connaissait que vaguement pour l’avoir senti plus tôt dans les draps, une sensation de chaleur l’entourait, un sentiment de protection puis un bien être. Ce dernier ne venait qu’en rouvrant les yeux, au moment où il constatait que plutôt que de le frapper, l’épaviste l’avait pris dans ses bras.

Ses paupières papillaient, son cœur battait encore plus vite si c’était possible encore vu sa vitesse. Chung  Il refermait les yeux et tournait la tête pour enfouir son visage contre le cou de l’homme, la joue posée contre son épaule. Une part de lui lui criait de partir, qu’il allait le manipuler, le vendre, lui faire du mal ou le redonner au dirigeant du clan. Mais une autre se sentait horriblement bien contre Jae Won, elle voulait rester contre lui, ne plus partir de ses bras. Les larmes continuaient à couler plus lentement sur ses joues rougies alors qu’il tentait de se calmer. Il avait horreur d’être dans cet état mais c’était plus fort que lui en période de stress. Il n’osait pas bouger, pas parler, se contentant de rester dans cette position pour ne pas l’énerver plus qu’il ne pouvait l’être.

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Je me rapprochais d'un pas, collant mon torse à lui. On en pouvait pas être plus proche. Je sentais son odeur sur son épaule puis sa tête vint se poser sur la mienne.  Mon cœur fou sauta un battement. Celui-ci ne dura qu'une seconde et pourtant, j'eus l'impression de faire un arrêt cardiaque. Il tapait sur ma poitrine puis plus rien. J'avais mal, atrocement mal. Je le lâchais me reculant de quelques pas, ma main droite allant tenir ma poitrine. Mais que m'arrivait-il? Je devais prendre de la distance, plus de distance. Je reculais encore, le regardant, perdu. "Je... Tu... Pars si tu veux..." bégayais-je doucement. Je ne devais pas penser qu'à moi. Cet enfant sauvage n'étais pas mien. Il était libre à présent. Il n'était plus un jouet de ma famille et pourtant, j'avais la fâcheuse tendance à me comporter comme tel avec lui. Je baissais les yeux, me retournant pour me diriger vers le canapé. C'était le moment pour lui de partir s'il le désirait.

Je m'arrêtais devant la table basse, fixant le repas que j'avais préparé, n'osant pas me retourner pour voir où il en était. Je serrais les dents, priant pour qu'il reste. Pourquoi étais-je aussi possessif avec lui? C'était mal, je le savais. Je n'avais plus rien à voir avec lui. Le jour où il était parti du manoir, c'était comme s'il avait rompu tout lien avec cette famille, son passé.

Je sentais une sorte de tremblement contre mon torse, quelque chose qui battait à un rythme régulier, fort, puissant et mes joues avaient pris cette couleur chaude qu'était le rouge. Je me sentais tellement reposé, tellement calme que quand il s'éloignait aussi rapidement je manquais de tombé le temps de comprendre. Les parties de mon corps qui était en contact avec le sien se refroidissaient d'un seul coup, mes yeux se rouvraient et tentaient de se poser sur lui. Puis ses mots, il se contredisait en aussi peu de temps. Pourquoi est-ce qu'il voulait que je reste puis agissait comme s'il s'en fichait ? S'en fichait-il réellement ? Ou est ce qu'il joue simplement à savoir jusqu'à où je vais le laisser jouer avec moi ? Je n'avais pas la réponse, mais quand je le voyais me tourner le dos, quelque part j'avais mal. Une petite douleur aiguë, insupportable.

Alors les lèvres pincées j'allais sur le canapé à nouveau. Je reniflais un bon coup et essuyais mes joues du revers de la main avant de souffler. J'avais toujours cette boule au ventre, une peur prenante qu'il me fasse du mal et pourtant je restais là. J'aurais pu repartir dans ce que j'osais appeler mon appartement, mais peut être qu'une partie de moi avait besoin de lui ? Comme j'avais besoin de la nicotine ou d'alcool, parfois même de n'importe qu'elle drogue, pour aller mieux. D'ailleurs j'aurais bien aimer m'en fumer une, de cigarette, mais là j'avais rien sur moi, tout était dans les vestiaires du bar. Je me mordillais la lèvre avant de lever les yeux vers Jae Won, ne sachant pas s'il était toujours énerver.

«Excuse moi... Dis... t'as pas.. une cigarette ? A tout hasard.. »

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Mes poings se serraient. Je fermais les yeux m'attendant à entendre le bruit strident de la roulette mécanique de la porte coulissante. Je restais planté devant la table basse, dos à la porte d'entrée. Je n'osais pas regarder. Peut être était-il déjà partie, mon esprit ne supportant pas l'idée, il aurait fait en sorte que je n'entende pas son départ. Je me répétais intérieurement que je devais le laisser partir, qu'il était libre quand tout à coup j'entendis sa voix. J'ouvris les yeux, relevant mon regard sur lui. Il s'était assit sagement sur le canapé. Stupéfait par sa présence mais aussi sa demande, je bégayais à nouveau une suite de mot incompréhensibles tout en enfouissant ma main dans ma poche pour sortir un paquet de cigarette. Il était en papier, ceux en carton étant beaucoup plus cher. Les cigarettes s'y trouvant avaient d'ailleurs mauvaise allure et pourtant, je n'hésitais pas à le lui tendre. "Dé... désolé... J'les ai un peu écrasé..." marmonnais-je peu sur de moi. Je posais le paquet sur la table pour qu'il puisse se servir à sa guise, ne sachant que faire. J'avais peur de m'asseoir à nouveau près de lui, de me mettre encore une fois en colère. Je me mordais la lèvre inférieur, baissant les yeux sur le repas pour éviter de croiser son regard.

Je détaillais son visage, le voyant surpris. Il s’attendait à ce que je parte finalement ? A ce moment-là, je pensais qu’il se serait sans doute énervé de me voir encore chez lui, pourtant il fouillait ses poches avant de me tendre un paquet. Je souriais en le prenant, constatant, qu’en effet, les cigarettes avaient mauvaises mines.

« Pas de soucis t’inquiètes pas. Merci ! »

Je lui lançais un sourire en prenant une cigarette, tentant de lui redonner une meilleure tête avant de prendre le briquet pour l’allumer. J’inspirais une grande bouffée avant de relâcher la fumée dans l’appartement. Je ne savais pas trop quoi dire, sachant que le premier sujet qui venait pouvait vite mal viré. Je laissais la nicotine calmer mes nerfs et l’inquiétude qui était en moi quand tout d’un coup je me demandais comment j’étais atterri chez lui.. Malheureusement la soirée de la veille me revenait peu à peu en tête. J’espérais au fond de moi qu’il n’allait pas me poser de questions, je ne voulais pas lui expliquer comment, une fois encore, je m’étais donné à des inconnus. Comment juste pour garder ses clients les plus fortunés, mon patron m’avait donné en pâture à ses gens-là, leur autorisant tout. Mais il n’allait pas m’en parler pas vrai ? A chaque fois le sujet partait en cacahuètes alors il n’allait certainement pas le faire. Je l’espérais du plus profond de mon cœur alors que je prenais un pancakes avec du sucre pour continuer mon petit-déjeuner.

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Je fixais mon paquet de cigarette qui était à présent sur la table. Fumer était peut être une bonne idée pour se calmer. Je me penchais pour l'attraper, me servant à mon tour. Une cigarette entre mes lèvres, je l'allumais tout en prenant soin de ne pas regarder Chung Il. La première bouffée crachée et je lui tournai le dos, me dirigeant vers l'un des véhicule. Les deux voitures présentent dans mon garage étaient toutes deux en mauvaise état. Rouillé par le temps, démembrée, le capot ouvert. Je travaillais dessus pour dénicher des pièces encore utilisables ainsi que comprendre comment elles fonctionnaient autrefois. Ce n'était pas de simple voiture. Je les avais trouvé à la décharge, toutes deux entière. C'était deux pièces très rares que les collectionneurs de l'ancien monde voulaient s'approprier à un prix exorbitant et pourtant, je les démontais, pièces par pièces. Munis d'une clé, je penchais la tête dans l'une des machine, laissant un silence s'installer. Je travaillais. La cigarette m'empêchant d'ouvrir la bouche pour lui poser des questions trop indiscrètes concernant sa soirée. Les marques sur son bras parlant d'elles-même. Je grognais, me battant avec une vis. Sur un coup de nerfs, frustré de ne pas être assez fort pour dévisser l'objet, j'hurlais, laissant échapper ma clope dans le capot. "Putain!" pestais-je. Cet excès de colère me fit oublier la présence du plus jeune, me permettant de mieux me concentrer et surtout calmer mon pauvre cœur. Avec la clé, je frappais contre un tube métallique près de l'objet que j'essayais d’extraire depuis tout à l'heure, ce dernier se tordant pour enfin me donner l'impression d'avoir desserrer l'objet métallique qui me tourmentait. Je travaillais à nouveau dessus pour enfin déboîter la caisse noir qu'elle maintenait en place. Un sourire de satisfaction naissait sur mon visage. C'était une batterie de voiture. Je me sentais comme victorieux après une bataille.

Je le regardais partir, restant au loin pour l’observer travailler. J’avais fait beaucoup de métier, mais démonter des voitures jamais alors ma curiosité était à son comble. J’étais concentré, absorbé même si mon emplacement ne me permettait pas vraiment de bien voir ce qu’il faisait. Malgré ma concentration mes yeux se posaient parfois sur ses bras qui travaillaient, je comprenais maintenant pourquoi il avait autant de force et bizarrement, je sentais deux sentiments assez contradictoire une nouvelle fois. Autant j’avais peur qu’il puisse utiliser sa force contre moi, autant je me disais qu’elle avait été utile ce jour-là quand il m’a protégé. Ou même au cours de la soirée précédente quand je refusais d’aller au lit. Petit à petit, je le voyais s’énerver jusqu’à ce qu’il donne un gros coup dans le moteur et que je sursaute en me tassant dans le canapé. Je me bouchais les oreilles pour ne pas réentendre un bruit aussi violent sans le quitter des yeux.

Prenant mon courage à deux mains, celle-ci étant concrètement toujours sur mes oreilles, je me penchais un peu sur le côté.

« Jae Won... t’énerves pas s’il te plait »

Ma voix était un peu plus forte que d’habitude sans que je m’en rende compte avec un peu plus d’assurance, mais ça, je l’avais remarqué. Alors je me mordais la lèvre, espérant qu’il ne prenne pas ce que je venais de dire comme un ordre mais plutôt une demande. Mon cœur loupait un petit battement sans que je n’arrive à le lâcher des yeux, mon visage reflétant une certaine inquiétude.

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La boite noir entre mes mains, je la soulevais pour l'extirper du capot. J'avais entendu la voix du jeune garçon, peut être inquiet de me voir à nouveau énervé. La batterie en main, je me tournait vers lui pour lui offrir un sourire radieux, dévoilant mes gencives au plus jeune. "T'as vu c'est une batterie!" m'exclamais-je trop heureux pour lui répondre, mon comportement le faisant de lui-même. Grâce à mon comportement, on pouvait facilement comprendre que je n'étais pas un garçon stable. Je pouvais m'énerver contre quelques choses pour la seconde d'après rire aux éclats. Seul le garçon me perturbait, stabilisant mes états, surtout lorsque j'étais en colère. En sa présence, je ne me comprenais plus. Je pensais que ça allait passer mais plus il se rapprochait, plus je sentais cette incompréhension grandir, venait ensuite le sentiment de mal faire puis l'énervement. En fait, il suffisait que je l'imagine avec quelqu'un d'autre pour l'être.

Je me dirigeais vers l’amas de pièces métalliques derrière les voitures pour "ranger" la batterie, voulant tester si elle fonctionnait encore pour l'utiliser en cas de besoin pour recharger Junyi. Une fois posé, je réapparu, m'avançant vers la table -et par conséquent, vers Chung Il- pour prendre une autre cigarette. Je m'avançais vers lui, fixant les marques sur ces bras. Sa soirée d'hier me travaillait. Qu'avait-il pu prendre ou faire pour être dans l'état dans lequel il était? Je fronçais les sourcils, me servant dans mon paquet pour enfin lui demander. "Qu'est ce qu'il s'est passé hier?"

Je retirais mes mains de mes oreilles en le voyant se tourner vers moi puis sourire d’une façon que je ne lui connaissais pas. Je regardais la boite noire, ne comprenant pas. Une batterie ? C’était ce qu’il y avait dans les androïdes non ? Pourquoi est-ce qu’on en trouvait une dans les voitures également ? Je suivais le plus vieux des yeux avant de le voir disparaitre. Je prenais alors à manger, ressemblant à un hamster à manger ainsi. A nouveau je le regardais, j’avais l’impression de faire que ça, mais c’était une habitude. Je le voyais prendre une cigarette puis, alors que j’envisageais d’avaler la nourriture présente dans ma bouche, venait cette question. Si pendant une seconde je faisais des yeux ronds, très vite je les fermais en toussant. Sa question m’avait quelque peu surpris, je ne m’attendais pas à ce qu’il demande ça maintenant ni même qu’il ne me le demande tout court. Je ne voulais pas en parler alors je devais trouver un autre sujet.

« Rien du tout. Ça sert à quoi la boite noire ? Les androïdes aussi ont ça non ? Pourquoi c’est dans une voiture ? »

Je parlais en utilisant mes mains, pensant que ça pourrait le faire oublier les choses alors qu’en réalité je ne faisais que mettre en évidences les marques sur mon corps comme un idiot.

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Il changea rapidement de sujet. Je fronçais les sourcils, l'air grave tout en détaillant ses bras. J'inspirais fortement pour exprimer mon mécontentement. Je sentais mon sang bouillir à nouveau. J'allais m'énerver, je le sentais. Je me reculais, prenant de grandes bouffées de nicotine. "Alors c'est quoi sur tes bras, s'il s'est rien passé?" Dis-je d'une voix qui se voulait cassante, comme s'il devait me rendre des comptes. Je ne me rendais pas compte qu'encore une fois, je le traitais comme s'il était mien, le défiant du regard bien qu'une distance ait été prise au cas où mon cerveau laisserait agir mon corps.

Je me retenais d'exploser. Tous les muscles de mon corps se crispaient, gonflant, laissant sortir les veines principales. A ce moment, on pouvait facilement comprendre que je n'utilisais au quotidien uniquement dix pour cent de ma force, que lorsque j'étais ainsi, je pouvais faire encore plus mal. A pourtant, je restais statique, attendant une réponse. Pourquoi? Parce que j'en avais besoin. J'avais envie de savoir maintenant qu'il était réveillé. J'avais peur d'entendre la vérité, mais je voulais en avoir le cœur net. Je me mordais la lèvre, me préparant à sa réponse.

Je me mordais la lèvre, ma diversion n’ayant bien évidemment pas marché. Je le voyais reculer à nouveau, je le voyais commencer à s’énerver et je comprenais que je devais répondre à ces questions, quelques soient. Peu importe si elles me plaisent ou non. Je m’enfonçais un peu dans le canapé, prenant la couverture que j’avais abandonné précédemment pour m’enrouler dedans. Une grande bouffée d’air prise, je baissais les yeux pour commencer un long monologue bien détaillé, ne voulant pas qu’il y ait de malentendu et qu’il s’énerve à nouveau.

« Ben je me suis trouver un job dans un bar depuis quelques temps. Sauf qu’hier y avait des clients importants et ils ont demandé à mon patron d’avoir un serveur que pour eux et… ben il m’ont demandé moi…  Du coup, il m’a dit qu’il me paierait plus cher si j’acceptais et comme j’ai besoin d’argent… »

Je jetais un coup d’œil vers lui le temps de déglutir avant de rebaisser les yeux pour continuer.

« Au début je les servais seulement mais après ils m’ont demandé de boire aussi… Et pis ben comme j’aime bien l’alcool j’ai accepté… et j’ai bu… et pis la soirée à continuer comme ça… Ils m’ont donner un peu d’ecsta à un moment.. Pis un des hommes m’a fait venir sur ses genoux.. Je l’ai fait boire pendant qu’il défaisait ma chemise… Après j’ai senti ses lèvres sur moi et ses mains, j’ai senti qu’on relevait ma manche et qu’on me faisait des trucs aux bras, j’ai vu une seringue avec je sais pas quoi dedans.. Mais je me sentais bien après qu’on me l’a donné alors je les ai laissé faire… Et pis les deux autres hommes ont commencé à me toucher un peu partout aussi, ils ont baissé ma chemise pour plus que je puisse bouger… »

Ma voix devenait de plus en plus basse à mesure que je comprenais que ce que j’avais vécu était similaire à ma vie d’avant et que j’aurais pu avoir extrêmement mal.

« Mais quelqu’un est arrivé et à tout arrêter… Il m’a demandé si je connaissais un endroit pour la nuit et voilà comment je suis arrivé ici… »

Les larmes me montaient aux yeux, je n’osais pas le regarder mais je sentais qu’il devait être énerver. Je restais tasser, en position fœtale dans la couette, le nez perdu dans le tissus et les yeux dans le vide.

Hole in my arm, liquor in my blood, smoke in my mind, shit I guess my body can't be controlled tonight
Jae Won & Chung Il

Je le laissais parler, digérant chaque mot qu'il prononçait. Je serrai les poings, sentant qu'à tout moment je pouvais déraper, lui couper la parole, hurler, l'insulter, le frapper. Mais je ne bougeais pas, me contentant de le regarder, un léger mouvement de tête se faisait. Je me sentais mal, j'avais besoin de m'asseoir. Je me reculais peu à peu, mon regard se vidant. Je cherchais dans le vide le reste de structure métallique de la voiture qui se trouvait en face du canapé où était installé le garçon. Soudain, je me cognais à cette dernière, sursautant pour m'appuyer à cette dernière. J'étais en colère contre lui d'avoir accepté, contre moi d'avoir arrêté de le suivre et surtout contre son patron pour l'avoir vendu sans vergogne à des aristocrates peu scrupuleux. J'avais envie d'hurler mais aucun son ne sortait de ma bouche. Je pâlis, ravalant ma salive. J'avais besoin de temps pour digérer ces informations. Je me décalais pour m'asseoir sur la banquette arrière de la voiture, les portières étant retirés, je pouvais faire face à Chung Il. Je le regardais, perdu et désolé. "Pourquoi tu t'es enfuit de chez mon père si c'est pour vivre dans la misère et faire la même chose alors?" Lui demandais-je au bout d'un long moment de silence, la voix tremblante.

Mes coudes sur mes genoux, mes mains cachaient mon visage. Je ne voulais faire paraître aucune expression devant les horreurs que je venais d'entendre. Pourtant, depuis petit j'étais habitué à ce genre de choses. Je savais ce qu'il se passait au manoir, ce que mon père faisait subir à des enfants et de jeunes adultes qu'il avait acheté comme de vulgaire objet. Chung Il était un de ces enfants, il était habitué à cela et pourtant, lui aussi semblait tout retourné. Je grognais, frustré de ne rien avoir pu faire, remerciant intérieurement la personne que j'avais malmené hier soir. "Démissionne. C'est un ordre. J'peux pas tout l'temps veiller sur toi. J'ai mon taf. Mais si t'as besoin, un soir ou deux par semaine, si t'es en manque de tunes ou quoi, vient manger ici, ou même dormir. J'ai pas d'chauffage mais au moins j'sais qu'tu s'ras en sécurité ici..." Mes mots étaient clair, je parlais suffisamment fort pour qu'il puisse m'entendre malgré les mains devant ma bouche.

Je le voyais bouger du coin de l’œil sans le vouloir, je ne voulais pas voir sa réaction face à ce que je venais de dire. Comme à chaque fois que je réalisais ce que je faisais je voulais être seul, que personne ne me voit regretter et sombrer aussi bas. Alors j’enfonçais mon visage dans la couverture, passant mes mains au-dessus de ma tête pour ne montrer à Jae Won qu’une boule de draps. Seulement mes orteils dépassaient du tissu, tout le reste était recouvert, dans le noir. Je l’entendais me poser cette question puis me demander de démissionner. Comme si c’était aussi facile pour moi, je traversais assez de période de famine comme ça pour en plus démissionner à cause de ce petit incident. J’étais habitué à me vendre de toute façon, une de plus ou de moins.

« Ton père c’était pas pareil… Je faisais ça toute la journée ! Une partie de la nuit ! J’étais jamais tranquille même une fois dans ma chambre parce que les gardes venaient. Les hommes étaient dégueulasses, les femmes faisaient encore plus mal qu’eux… »

Ma voix tremblait, je ne voulais pas me souvenir de mes journées au manoir, pourtant elles me revenaient trop vivement. La première rencontre avec un client, la première fois que mon corps a été salit, ce goût qui me donnait envie de vomir, la douleur de la première fois, les premiers coups et ceux qui ont suivis, les insultes, les brûlures, les cordes qui me tenaient en place quand je refusais… Chaque mot, chaque sensation, chaque partie de mon corps qui a souffert, tout resurgissait à cet instant précis.

Je me sentais mal, j’avais besoin de boire, juste ça, aller mieux, c’était tout ce que j’avais besoin. Mes poings serraient la couverture aussi fort que possibles, mes phalanges blanchissant à cet effort. Mon corps était pris de soubresaut alors que les larmes coulaient en masse sur mes joues. Oui j’étais habitué à me vendre, mais la douleur que cela entraînait, jamais je n’avais réussi à passer outre alors je fuyais, encore et toujours, aujourd’hui encore ne faisait pas exception.

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Jae Won & Chung Il

Bien que caché par ma couverture, il me tenait tête, m'expliquant qu'il préférait se vendre occasionnellement plutôt que tout le temps, développant sur ses souvenirs dont certains que j'ignorais. D'abord révolté par son entêtement, je me levais de mon siège, près à lui en coller une. Il me suffit d'un pas pour être prit de nausée. J'étais dégoûté par ces propos, par le sang qui coulait dans mes veines. J'étais mal et désolé. Je voulais l'aider, être là pour lui, racheter les fautes de ma famille. Une larme s'échappa d'un de mes yeux, celle-ci coulant sur ma joue. Mes mains quant à elles cachaient ma bouche, je sentais que je pouvais rendre à tout moment. J'osais regarder la boule de tissus devant moi alors que j'estimais ne pas en avoir le droit. Serrant les dents, je baissais la tête, un frisson de dégoût me parcourant. Hésitant, je m'avançais doucement. Plus je me rapprochais de lui, plus j'avais du mal à avancer. Mon cœur se serraient, d'autres larmes avaient suivit la première courageuse. Mes joues étaient à présent trempée de ce liquide. C'était la première fois que je pleurais autant. Je n'avais jamais ressentie quelque chose d'aussi fort en moi. A cet instant, je voulais mourir, emportant ma famille et toutes les personnes malveillantes avec moi pour que Chung Il se réveille comme si cela n'avait été qu'un mauvais rêve pour lui. J'étais mal, j'avais mal, cette souffrance qu'il avait enduré, je la ressentais. Lorsque j'arrivais enfin devant la table basse, je me mis à genoux devant lui, m'étalant au sol pour demander son pardon.

"Excuse moi... S'il te plait... Pardonne moi mais juste pour cette fois, écoute moi et démissionne. Ce qu'on t'as fait subir, laisse moi racheter cette dette. Je te protégerai, le temps que tu trouves un emploi honnête et bien payé, je te donnerai de l'argent, autant qu'il t'en faudra pour racheter ma faute. Utilise moi à ta guise mais pardonne moi je t'en supplie Kwon Chung Il..." Mes paroles sortaient difficilement de ma bouche. Pourtant, je n'hésitais pas, je savais ce que je voulais, me promettant de faire mon maximum pour qu'il ne soit plus jamais dans cette état. Je ne bougeai pas, toujours incliné devant lui en attendant sa réponse.

Je n’entendais rien d’autres que les quelques plaintes que faisait mon corps à cause des pleurs, un silence pesant. Je voulais rester cacher dans la couverture, je me sentais bien là, personne ne pouvait me voir. Personne n’allait avoir cette pitié dégueulasse envers moi, personne n’allait voir à quel point j’étais moi-même dégueulasse, encore plus sale que cette société ne l’est. Je me détestais et personne ne devait avoir à supporter l’inutilité que j’étais. Pourtant j’entendais sa voix, son conseil, sa demande et sa proposition. Je me détestais encore plus après ça. Pourquoi faisait-il ça pour quelqu’un comme moi ? Je sortais la tête de la couverture, près à lui tenir tête mais lorsque je regardais dans la pièce je dû baisser les yeux pour voir son dos affaissé face à moi. Je pris alors un magasine et tapais son épaule avec, pris d’une certaine colère. Contre lui ? Contre moi ? Aucue idée, elle est juste présente.

« Mais tu fais quoi ?! Relèves-toi ! Te mets pas à genoux pour quelqu’un comme moi ! Je suis rien ! Fais pas ça ! »

A mesure que je parlais mes coups se faisaient de plus en plus faibles, de plus en plus longs. Mon corps glissait du canapé pour se blottir contre le sien. Je cherchais du réconfort auprès de lui après l’avoir mis dans cet état. Je n’étais qu’une trainée, qu’un être inutile qui pourrissait un peu plus ce monde, qui n’avait pas le droit de faire des crises comme celle-ci, qui n’avait pas à demander de l’attention à qui que ce soit. Je n’en avais pas le droit mais je venais quémander comme un chiot à son maître. Je m’étais rebeller contre ses propos pendant tant d’années quand je les entendais sortir de la bouche de tous ces gens mais aujourd’hui je me rendais compte que je ne faisais que les penser et les croire. Je me détestais et détestais tout le monde, personne ne pouvait me comprendre ou m’aider. Pas même l’homme contre qui j’avais posé ma joue pour pleurer, épuisé d’être dans cet état, d’être ce que j’étais. Mon cœur serrait à cette idée, mais finalement, c’était pour ça que mon père m’avait vendu, pas vrai ?

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Jae Won & Chung Il

Après ces déclaration, je ne pouvais plus le regarder en face. Les fautes de mon père étaient aussi devenu les miennes le jour où j'obtins le nom de Kim. Jamais je n'aurais imaginé que ma famille, mon clan, lui avait fait subir tout ça. Alors que je m'attendais à ce qu'il m'énumère tout ce que je pouvais faire pour lui, je fus surpris d'entendre ces mots et de sentir le garçon frapper mon épaule avec un magazine. Ma peine et mon dégoût se faisant encore plus grand. Mon père avait réussit son coup, je ne pouvais pas le lui reprocher. Son lavage de cerveau ayant marché, Chung Il se rabaissait plus bas que terre. Ça me révoltait. Comment pouvait-il penser cela. Une personne comme lui? Je serrai les dents, me faisant violence pour ne pas lui hurler dessus. Comment aurais-je pu après ce que je venais d'apprendre? Il me releva le buste probablement pour chercher à me réconforter. Je ne méritais pas cette attention, je n'y avais pas le droit. Je me maudissais de l'avoir suivit ce soir-là, de lui avoir fait du mal et surtout, d'être né. Je restais immobile, la tête baissé pour ne pas le regarder. Je serrais les dents et les poings, tremblant de débout.

"Comment tu peux dire ça?! Pourquoi tu ne serais rien? Une vie humaine est quelque chose de précieux, pour en avoir prises, croit moi, j'en connais le prix! Parce que tu penses que tu vaux moins qu'un autre? Pourquoi? Par tes actes? Si tu n'avais pas été un des jouet de mon père, crois moi, tu ne serais pas comme ça! Tu ne serais pas ici à pleurer! Si ça se trouve, tu serais diplômé d'un lycée, tu serais à l'université où tu vivrais une vie remplie de joie, tu aurais une copine... tu serais heureux..." J'avais commencé par lui hurler dessus, mais plus je parlais, plus j'avais du mal à formuler mes phrases, aligner mes mots en pensant à une Chung Il heureux et épanouie, mais surtout un garçon qui n'aurait rien à voir avec ma famille, à qui ne n'aurais jamais parlé car nos mondes auraient été trop différent. Je déglutissais, laissant mes larmes couler davantage. L'idée de ne pas le connaitre m'était tout aussi insupportable que les traitements qu'il avait subit à cause de ma famille, je me dégoûtais encore plus de penser à cela, mon cœur se serrant, mes yeux se fermant, mes sourcils se fronçant, je baissais la tête pour la poser contre son épaule. "Le pire dans tout ça... c'est qu'on ne se serait jamais connu..." ajoutais-je avant de fondre définitivement en larme.

Les larmes continuaient à rouler sur mes joues, mourant sur le t-shirt du Kim, mes mains s’agrippaient à lui. Sans savoir comment ni pourquoi, j’avais le sentiment qu’il était ma bouée de sauvetage, cette personne qui allait me permettre d’arrêter de me noyer, celui qui allait me sauvée de cette vie. Je l’avais détesté mais me voilà à pleurer contre lui. Je l’avais fui mais j’ai été chez lui. J’avais peur qu’il ne s’approche mais maintenant j’avais besoin qu’il me prenne dans ses bras plus que n’importe quoi.

Ses mots je les entendais, mais ils me semblaient dénués de sens, inutile, je n’en comprenais pas la finalité. Etre diplômé ? Etre à l’université ? Avoir une copine ? A quoi servait tout ça au juste ? Et pis être heureux. Le bonheur était une notion inconnue pour moi, je l’associais très souvent à un sentiment de bien-être, ce dernier uniquement dû à ce qui me rendait aussi sale. Je m’étais souvent posé des questions quant à un moi qui n’aurait pas vécu ainsi. Mais jamais je n’avais pu pousser le raisonnement très loin alors j’avais abandonné. A quoi bon penser à quelque chose que l’on ne pourrait jamais être ou avoir. C’était se faire du mal pour rien. Les dés étaient jetés, les cartes étaient jouées et la partie finie pour moi.

Ma tête me faisait mal, elle tournait, elle semblait lourde et je sentais que je fatiguais. Est-ce qu’il le sentait ? A quel point j’étais épuisé de vivre ainsi, d’être dans cet état tous les jours mais cette fois je devais prendre sur moi en le voyant dans cet état. Il fondait en larme contre mon épaule après avoir prononcés ces mots qui me blessait. Ma main glissait sur sa nuque pour le serrer contre moi alors que je levais la tête, les yeux fermés, essayant de calmer mes pleurs pour réconforter les siens.

« Je suis là Jae Won…  Penses pas à ce genre de choses… c’est pas arriver alors n’y penses pas… Et je suis sûr qu’on aurait finit par se rencontrer… J’en suis sûr...  Arrête de pleurer Jae Won… S’il te plait… »

Les mots que je prononçais était remplit d’une certaine douceur, d’une volonté de le réconforter sans trop savoir comment. Mes doigts caressaient sa peau doucement et mes lèvres se posaient sur sa joue, cherchant à lui donner de la tendresse maladroitement.