« Je t'envie Meena, je t'envie de ne jamais te mettre en colère, de ne jamais baisser les bras et d'avoir constamment cette joie inscrite sur tes lèvres.  »

Les doigts de la vieille femme passaient doucement dans ses cheveux et un sourire s'inscrit légèrement sur son visage marqué par le temps.

Meena se contenta de la regarder, toujours le même rictus affiché et lui glissa un simple « Merci » bien insuffisant pour ces compliments que la vieille femme venait de lui faire. Elle ne savait que dire d'autre, que pouvait-elle ajouter de toute façon ? Elle avait été créée ainsi et pour ceci il y a huit mois par cette même femme qui lui faisait face. La jeune androïde n'a pas de famille. Elle est seulement un amat de fer et de boulons, se nourrissant -si l'on peut appeler cela comme ça-  d'électricité et auquel on a greffé un semblant de conscience. Elle ne connaît pas le goût, elle ne connaît pas la colère et ne connaitra jamais la vieillesse ainsi que la maternité. En est-elle peinée ? Non, elle n'a pas été programmée pour cela voyons. Non, Meena fut mise sur pied et achetée dans le but de tenir gentiment compagnie à cette pauvre vieille femme dont tous les enfants ont pris leurs indépendances depuis bien longtemps et dont la dernière personne qui la séparait de la solitude et la dépression était son mari, maintenant décédé. Elle l'a décidée jeune, douce et belle comme cette fille parfaite qu'elle aurait voulu avoir ou désirée être. En huit mois de cohabitation quotidienne, la vieille femme s'est lourdement attachée à elle, la traitant presque comme une humaine oubliant sûrement parfois que ses supposés os sont d'aciers. Peut-être était-ce causé par la solitude folle qui l'avait longtemps embaumée ? Néanmoins, cette place à laquelle s'installait la demoiselle ne semblait pas bien plaire à tous le monde, puisque bien vite, les enfants de la vieille femme furent pris d'une jalousie  aussi inutile qu'incroyable. Un sentiment qu'elle ne comprenait définitivement pas comme la méchanceté dont ils faisaient preuves.

A côté de cela, Meena quant à elle s'appliquait sérieusement à sa tâche les ignorant de long en large et en travers, lançant des conversations pour un oui ou pour un non avec un plaisir immense et tentant de la distraire le plus qu'elle le pouvait. Elle s'habitue bien vite au monde qui l'entourait, bien que le trouvant encore tellement merveilleux si l'on s'éloigne des crimes et des problèmes rythmant ce monde. Peu à peu, Meena prend place dans ce monde et y laisse son empreinte tranquillement, restant toujours la même bien que son système ne lui laisse pas le choix. Aucun beug à l'horizon, aucun problème, aucun dysfonctionnement, tout va bien. Malheureusement,  il n'en est pas de même pour la vieille femme qui ne va pas en s'arrangeant et devient de plus en plus dépendante de l'androïde qui lui fut conçut, autant socialement que physiquement.