Le soleil tapait fort, trop fort, et faisait monter son sang à son cerveau, faisant battre son pouls dans ses tempes à un rythme ahurissant, assourdissant. Son souffle avait du mal à se renouvelé, entre les cigarettes, la poussière et les corps en mouvement continu, à la recherche d’une perle rare. Ses yeux bougeaient vivement d’un côté puis de l’autre, tentant de voir entre les corps en mouvement, ceux qui étaient statiques, puisqu’il était lui aussi à la recherche de ce bien rare et presque unique.
Heureusement tout le monde ne cherchait pas la même chose, lui, était en quête de quelque chose de plus difficile à trouver. Presque impossible. Il n’était même pas sûr de pouvoir mettre la main dessus aujourd’hui. Devait-il demander à Jae Won ? Il l’avait vu parfois là-bas, en passant… ou en le suivant aussi, même s’il ne l’avouait pas et ne le montrait pas. L’idée lui traversait la tête l’espace d’une seconde, une seule seconde avant que ses yeux n’entre en contact avec ce qui pouvait ressembler à ce qu’il cherchait.

La veille, en pleine nuit, il avait trouvé un corps par terre. Pensant qu’il s’agissait d’un ivrogne encore trop plein il s’était approcher, voulant voir s’il était toujours en vie. Mais il n’avait trouvé qu’une peau froide, sans pouls, sans respiration. Une peur bleue l’avait pris subitement avant de constater qu’il ne s’agissait que d’un androïde. Alors, assis par terre, près du corps inerte, il avait attendu en vain l’arrivée de quelqu’un ou son réveil. Son amour pour les androïdes l’avait poussé à faire cela : rester en débardeur toute une nuit dans le froid. Résultat : il avait attrapé un petit rhume, pas grand-chose de vraiment réveiller pour le moment, mais son organisme n’était pas habitué à accueillir des virus alors il se trainait un peu plus que d’habitude, avait plus de mal à se concentrer ou à faire attention autour de lui. Pourtant ce métal qui brillait n’avait pas échappé à ses synapses et il précipitait ses pas vers l’objet.

Ses mains l’attrapait, le retournait dans tous les sens alors qu’une fois de plus il mordait sa lèvre. Il n’avait aucune idée de si c’était ce dont il avait besoin… Mais une pièce d’androïde était rare, beaucoup trop rare pour risquer de la voir s’envoler dans la nature. Il aurait aimé que quelqu’un l’aide et lui dise s’il s’agissait d’une pièce pour réparer le circuit du pauvre robot retrouvé hier. Parce que oui, après avoir attendu, il avait décidé de l’amener chez lui pour tenter de le brancher. Après plusieurs heures toujours rien et impossible de l’allumer, alors il en était venu à la conclusion que quelque chose était casser. D’où sa présence dans ce foutu marché noir à cette heure-ci…

Couché sur son lit, Min Min fixait un avion qu’il s’était amusé à bricoler pour un travail de classe qu’il avait accroché au plafond. Il avait fait à croire à ses parents qu’il ne se sentait pas bien pour ne pas aller en classe. Il avait bien sûr pris soin de faire sa petite comédie après que sa mère est quittée pour l’hôpital. Il est déjà difficile parfois à faire à croire à nos parents que nous sommes malades, imaginer quand c’est un médecin. Donc, Min Min s’était levé peu après le départ de sa mère pour aller voir son paternel en chancelant. « Dad…. Je ne me sens pas bien! Je… je pense que je vais être malade…» L’homme posa le dos de sa main contre le front de son fils et fronça les sourcils. «Je pense que tu fais de la fièvre… on ne prendra pas de chance, remonte te coucher et je vais m’occuper d’appeler l’école. » Le garçon fait un signe affirmatif de la tête et il monte péniblement les marches jusqu’à son lit. Il attend un peu, écoute attentivement et finalement, la porte finit par se fermer. Voilà le signal que Min Min attendait. «AHHHHHHHHH! CONGÉ!» Il saute par-dessus le divan et ouvre la télévision pour voir les nouvelles de la journée. « Monsieur ne devrait pas manquer d’école comme ça!» Il se retourne pour regarder sa nouvelle nounou et hausse les épaules en attrapant l’assiette qui lui tend. « Combien de fois je t’ai dit de m’appeler Min et non monsieur, tu n’es pas un serviteur! Et de toute façon, je ne fais de mal à personne et j’ai des trucs importants à faire.»

Après quelques minutes pour manger et se changer, Min sortait de l’appartement en prenant grand soin de barrer derrière lui. Suivi de près par sa nounou, le garçon embarqua dans l’une des automobiles de la famille et se laissa reconduire jusqu’au marché noir. Nounou s’agita nerveusement à côté de lui alors qu’il se stationnait sur le bord de la rue. «Tu sais… tu n’es pas obligé de venir si tu ne te sens pas à l’aise!» Il finit sa phrase avant d’ouvrir la porte et de sortir. Il ajusta son sac sur son dos et marcha dans une ruelle pour déboucher dans la caverne d’Ali-Baba. Tant de choses et deux fois moins chères que les magasins officiels. Il commençait à marcher entre les kiosques prenant le temps de regarder ce qu’il pouvait trouver d’intéressant pour ses travaux en cours. «Monsieur devrait faire attention… il y a des gens bizarres ici!» Min leva la tête pour remarquer un jeune homme blond qui semblait être son aîné d’une dizaine d’années. Ce dernier semblait tout aussi à l’aise que nounou dans ce lieu illégale. Il continua de l’observer quand il remarqua le petit bout de métal dans ses mains. Qu’est-ce que cela pouvait bien être? Min s’avança et se planta à côté de l’homme qui était bien plus grand que lui. «Excusez monsieur, est-ce que vous avez des puces électroniques à vendre?»