« Et la lumière fut. »

Ha Na vit le jour comme n'importe quel robot de rang un : en enclenchant le système. Son maître était un homme riche et féru de technologie. Le genre d'homme a avoir un manoir, dans lequel circulent une dizaine de servantes - toutes robotisés. Oui, c'était son péché mignon. Mais de toutes ses androïdes, Ha Na était sans doute la plus belle réussite. Une pure perle. Oh oui, le Maître l'appréciait plus que les autres, lui accordait un traitement de faveur. C'était de moins ce qui lui semblait en être un étant donné qu'il passait plus de temps avec elle qu'avec toutes les autres. Mais qui était-elle pour oser penser ? Non, les poupées ne réfléchissent pas. Quand elles parlent un peu trop, elles se font battre, telles des jouets d'enfants. Les seuls mots qu'elles sont autorisées à dire sont ceux qui plairont au maître. Mais même quand le maître est heureux, cela ne se passe toujours pas bien. Pas bien pour elles. Ha Na rendait le maître très heureux. Le maître avait de drôles de passe-temps, que le commun des mortels auraient qualifié de dégoûtant. Ha Na n'avait jamais connu que cela, et même si elle n'appréciait pas satisfaire tous les caprices, elle s'y pliait, car telle était la volonté de l'homme. De toute façon, si elle parlait, c'était pire encore. Utilisée, souillée, malmenée, humiliée, et cela durant huit années. Puis, une nouvelle perle. Une androïde plus jolie qu'elle, un soulagement. Au début. Le noir, la poussière, une armoire. L'extérieur de temps en temps, des tâches dures, épuisantes. Des batteries qui faiblissent, un système qui montre ses limites. Et puis, le néant. Quand Ha Na rouvre les yeux, elle n'est plus dans le manoir au milieu d'autres robots, mais seule, dans un garage mal éclairé. Ses articulations sont rouillées, elle se sent étrange. Un individu franchi la porte, il se présente et lui explique ces mois de noir absolu : Ha Na fut jetée sur un monticule d'ordures. De là, un quidam a probablement dû essayer de la récupérer, mais à la place, l'a abandonnée dans une ruelle où elle fit les frais des intempéries. Puis finalement, son sauveur. Celui qui l'a sortie de cette ruelle et répara ses systèmes. Un nouveau départ, loin du luxe et de l'orgueil d'un homme.