| Sujet: Un cas disciplinaire au lycée (Ft. Jo Young Nam) Jeu 9 Juil - 21:37 | |
| Il est 8h, l’appel d’un de mes collègues surveillant m’informe qu’une nouvelle bagarre a éclaté dans l’aile D. C’est Jo Young Nam. Encore. Ces derniers temps j’entends beaucoup parlé du jeune homme. Un sacré numéro si vous voulez mon avis. Je suis intervenu plusieurs fois au cours de ses bagarres. C’est un testeur de limites. À chacune de mes interventions je me sens comme pris d’un énorme élan de fraternité envers lui. Je ne le connais pas, j’évalue à 1/25 ème le pourcentage de compatibilité de nos caractères, j’aime les challenges. Le gamin ne m’aime pas, je le perçois dans son regard.
Lorsque j’arrive dans l’aile D, je les vois. Un groupe s’est formé au bout du couloir, une quinzaine d’ados admiratifs scandent les noms de leur « catcheur » du jour. Je me lance dans une foulée plus adaptée à l’importance de la situation. J’aperçois mon collègue agrippant l’un des deux jeunes par les omoplates. Je me retourne vers Jo Young Nam, il semble révulsé. Lorsque je lui attrape le bras pour arrêter un coup destructeur, je sens mon armature d’acier se crisper sous ma peau. Le bougre, c’est qu’il a de la force. Je ne l’entends jamais vraiment, mais je parie qu’il jure dans mon dos quand je l’intercepte. J’essaie tant bien que mal de trouver des mots apaisants, LES bons mots. Je prends l’air sévère que j’ai développé aux côtés de Chong Li, l’ado de mon Ex-maître, me valant quelques miettes de respect de la part du bagarreur. En bon optimiste, je m’en contente pour l’instant. Un jeune parmi les groupies me lance « il n’a rien fait, j’le jure m’sieur », un autre « vous allez vous faire défoncer m’sieur ! » C’est encourageant. Je tente de maîtriser les bras de Jo Young Nam, qui se défile comme une anguille. Il est agile dans ses coups, je noterais presque la beauté du geste. Je n’ai pas le temps de digresser, mon ado est en train de défouler ses poings sur un nouveau participant. Je l’empoigne de tout mes bras par les épaules, ce qui après quelques débâcles l’immobilise temporairement. Ni une, ni deux, je me tourne avec Jo Young Nam direction le bureau du directeur. Je voudrais bien l’épargner lui, mais il enchaîne les conneries comme des perles sur un collier. Les escaliers sont durs à monter, Nam a décidé d’en faire des siennes. Je ne décroche pas un mot, et reste ferme dans ma poigne. Lorsque nous arrivons près du bureau du proviseur, je l’entends en pleine conversation téléphonique. L’androïde affectée au poste de secrétaire me fait signe de nous asseoir dans un petit salon improvisé non loin de son bureau. J’assoie Jo Young Nam en face de moi, essayant d’établir une ambiance frontale. Le jeune me fixe du regard, je ne lâche pas l’affaire. Un androïde a cette capacité de cligner des paupières comme l’homme, mais son œil ne sèche pas naturellement à l’air. Il ne gagnerait pas. J’entends mon maître renchérir d’un ricanement gras à la blague vénale de son correspondant. Nous avons, apparemment, tout notre temps Jo Young Nam. Nos regards sont perturbés par la voix stricte du proviseur, il penche sa tête dans le couloir pour nous héler. Nous rentrons dans la pièce, un bureau modeste mais propre, une grande photo du corps professoral encadré au dessus d’une table en verre épaisse, une partie de carte en cours à l’écran de l’ordinateur. Sans même nous inviter à nous assoir mon maître m’interpelle d’un regard interrogateur. « - Jo Young Nam Monsieur, je l’ai surpris en pleine bagarre dans l’aide D. C’est la 3 ème fois Monsieur. » C’était au moins la 5ème fois… mais qu’importe, il m’a semblé que son dossier était déjà bien assez chargé. C’est le constat que fit mon maître en traversant les pages de remarques des surveillants et professeur à propos de Jo Young Nam. Il jeta, l’air exaspéré, le dossier sur son bureau d’un revers de main. Tout en toisant le jeune homme du regard, il me demanda de prendre en charge l’individu. Il y avait des aménagements disciplinaires à mettre en place. C’était à moi de faire ce travail. Je pris Jo Young Nam par le bras, cette fois-ci direction mon bureau.
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